mardi 4 mai 2021

Comment va fonctionner l’appli météo pour se prémunir du Covid-19 ?

par Luc Peillon  publié le 30 avril 2021

Une filiale de Météo France va enrichir son dispositif de prévention des risques sur les téléphones avec une pastille alertant les utilisateurs sur les conditions climatiques plus ou moins favorables à la transmission aérienne du virus.

Predict a conclu à une corrélation entre les conditions météorologiques et la transmissivité du virus du Covid. (Sébastien Salom-Gomis/AFP)

Bientôt une alerte «météo Covid» sur notre portable… Dans le courant du mois de mai, l’application MyPredict, développée par la société de gestion de risques Predict, filiale de Météo France, va ajouter une pastille à son appli permettant de prévenir les usagers des conditions météo favorables, ou non, à la circulation du virus. Et ce au côté des traditionnelles alertes et conseils prodigués en cas de tempêtes ou d’inondations. «L’idée est de demander aux gens de faire attention quand les conditions ne sont pas bonnes, mais pas forcément de dire, “c’est vert”, vous pouvez faire n’importe quoi,prévient au préalable son président, Alix Roumagnac. On ne veut pas non plus que notre outil produise l’effet inverse, en leur faisant croire qu’ils ne risquent rien.»

Une prudence qui ne masque pas le fait que la météo – même s’il s’agit d’un paramètre parmi d’autres – semble bien entretenir un lien avec l’épidémie. Ou du moins, faute d’études scientifiques incontestables, une corrélation. Que cette entreprise a choisi d’exploiter.

Ni trop froid, ni trop chaud, ni trop humide

Le projet a débuté au printemps dernier. Suite à un passage en revue de l’état de la science sur le sujet, des travaux du Massachusetts Institute of Technology (MIT) retiennent particulièrement l’attention des spécialistes de Predict. Selon une étude de la célèbre université américaine, 90 % des cas de Covid-19 en mars 2020 seraient apparus dans des conditions bien spécifiques de température et d’humidité. Des endroits où il a fait ni trop froid, ni trop chaud, ni trop humide. «La plupart des contaminations ont lieu via des gouttelettes d’eau en suspension dans l’air, rappelle Alix Roumagnac. Or, s’il fait trop chaud, celles-ci s’évaporent. Et s’il fait trop froid ou trop humide, elles retombent au sol.»

Grâce aux 80 stations de Météo France réparties sur tout le territoire, Predict répète l’exercice dans l’Hexagone. «On a comparé, jour après jour, les taux d’incidence, d’hospitalisation et de mortalité avec les conditions météo, explique Roumagnac. Or, on a trouvé, là aussi, une corrélation assez forte, avec des conditions climatiques favorables dans le Grand-Est, les Hauts-de-France et l’Ile-de-France quand l’épidémie a décollé dans ces régions lors de la première vague, et au contraire un contexte moins favorable aux gouttelettes dans le Sud, qui a connu beaucoup moins de cas. Et à la rentrée, l’épidémie est vraiment repartie après la tempête Alex, arrivée en France mi-octobre.»

Conclusions : les gouttelettes sont au mieux quand il fait 6 à 7 degrés Celsius et entre 60 et 80 % d’humidité relative, soit 7,5 grammes par mètre cube d’humidité absolue. L’équivalent du mois de mars dans le nord-est de la France ou de l’ambiance dans les abattoirs. Fort de ce constat, cette filiale de Météo France développe alors l’Index Predict de transmissivité climatique du COVID-19 (IPTCC), qui modélise cette capacité des gouttelettes à rester en suspension dans l’air. Avec, dans les grandes lignes, une fenêtre propice au virus quand les températures sont comprises entre -3 et +15 /18 degrés, et une humidité supérieure à 50 %, mais inférieure à un niveau de saturation.

Les données météo complétées par d’autres indicateurs

Des valeurs dont plusieurs régions de certains pays comme le Brésilou l’Inde semblent pourtant éloignées, et où l’épidémie galope. «Les conditions météo jouent sur la transmission aéroportée, mais pas sur les contaminations par contact. Or dans ces pays, le virus circule via ce biais: au Brésil après le carnaval, en Inde suite aux très grands rassemblements religieux, rétorque Roumagnac. La météo a beau être défavorable au virus, si vous ne respectez pas les gestes barrières, il continue de se transmettre.»

Ces paramètres extérieurs, par ailleurs, ont aussi un intérêt, pour certains d’entre eux, en milieu fermé. Car autant il est possible de jouer, dans un logement, sur les températures avec le chauffage, autant l’humidité externe, sauf outil particulier comme un déshumidificateur, s’invite dans les bâtiments. «L’humidité absolue ”se force” de l’extérieur vers l’intérieur, explique le président de Predict. Si, par exemple, vous avez 7,5 grammes d’humidité en externe, vous aurez la même chose à l’intérieur.»

L’indicateur, enfin, sera basé sur ces éléments météorologiques, mais intégrera aussi des critères comme l’existence ou non de mesures barrières sur le territoire concerné, la densité de population ou encore le nombre de cas. Et apparaîtra selon trois couleurs, exprimant le niveau plus ou moins propice des conditions extérieures à la transmission du Sars-CoV-2.


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