jeudi 22 avril 2021

Un plan de licenciement touche le magazine « Psychologies »


 



Par   Publié le 21 avril 2021

Le service qui s’occupe de la maquette et de l’iconographie, composé de sept personnes, sera supprimé, et ses fonctions externalisées.

« Il faut que les citoyens se rendent compte à quel point l’information est menacée. » Ce cri du cœur, ce sont les élus du mensuel Psychologies qui le poussent. Le 29 mars, ils ont appris qu’un plan de licenciement avait été enclenché, et qu’il était destiné à engloutir un service entier de la rédaction. Lorsqu’ils quitteront leurs locaux du quartier Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, pour s’installer près de la place de la République, d’ici quelques semaines, l’équipe pourrait en effet être amputée du service maquette et iconographie, « soit sept personnes âgées de plus de 50 ans, dont quatre parents isolés », indique un communiqué signé par une majorité de salariés. Parmi eux : 4 personnes en CDI (sur les 32 salariés en CDI qui constituent l’équipe du magazine) et 3 pigistes réguliers (sur les 21 pigistes qui y travaillent régulièrement), la rédaction comptant par ailleurs 3 personnes en contrat à durée déterminée.

Une information-consultation est en cours, qui devrait déboucher, lors d’un CSE prévu le 28 avril, sur un avis négatif – purement consultatif. La mise en page et l’iconographie du mensuel seront externalisées, « ce qui représente un risque sérieux d’atteinte à l’intégrité et à l’identité du titre », s’alarment les salariés. « C’est un déchirement, une amputation », ajoutent les élus, qui ont dû informer eux-mêmes leurs collègues qu’ils n’auraient bientôt plus d’emploi. Un moment « particulièrement douloureux quand on s’appelle Psychologies et qu’on a, depuis toujours, été extrêmement attentif aux questions de bien-être au travail, de bienveillance, de risques psychosociaux, etc. », relèvent-ils, amers.

Des comptes dans le rouge

Pour le magazine, consacré à l’équilibre et à la sérénité, le coup est d’autant plus dur qu’il s’agit du deuxième plan d’économie en trois ans : en 2018 déjà, la masse salariale avait été réduite de plus de 10 % (soit 6 salariés). « Il y a eu beaucoup de départs depuis ; la rédaction se vide », pointe un salarié. D’autres postes dans divers autres services (publicité, marketing) ne sont pas davantage remplacés. En 2020, les effets conjugués d’un marché « structurellement déclinant » et de l’impact de la crise liée au Covid-19, à commencer par la fermeture des points de vente Relay, ont une nouvelle fois entraîné les comptes dans le rouge.

« Le chiffre d’affaires a baissé de 15 %  », avance Sibylle de Faucamberge, directrice exécutive du magazine. La diffusion France payée a diminué de près de 10 % en 2020 par rapport à 2019, s’établissant à 176 343 exemplaires (données fournies par l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias). « Si on veut pérenniser l’entreprise, on doit prendre des décisions douloureuses mais nécessaires », poursuit Mme de Faucamberge. Alors que « des synergies à l’intérieur d’un groupe aident à faire des économies d’échelle sur les métiers supports »Psychologies « ne dispose pas de ce levier-là », rappelle la dirigeante.

Dans leur communiqué, les salariés dénoncent « l’externalisation, l’ubérisation de [leur] profession », qui conduit « à la standardisation [des] journaux »

Fondé en 1970, Psychologies avait été repris avec succès en 1997 par Jean-Louis Servan-Schreiber, décédé en novembre 2020. Propriété du groupe Lagardère entre 2008 et 2014, le magazine a depuis été racheté par 4B Média, un consortium de quatre entrepreneurs belges (dont l’un exploite la version belge du titre), par ailleurs filiale du puissant groupe Rossel (Le Soir), dont les actionnaires « n’ont pas touché de dividendes depuis 2016 », tient à préciser Mme de Faucamberge.

Dans leur communiqué, les salariés dénoncent « l’externalisation, l’ubérisation de [leur] professions », qui conduit « à la standardisation [des] journaux, [des] métiers, et [qui] finir[a] à ce train par les faire disparaître ». Ils demandent la suspension de ce plan de réorganisation, certes sans trop y croire pour eux-mêmes, mais en espérant que « les lecteurs, qui ne sont pas des consommateurs passifs, réalise[ro]nt ce qui se passe à “Psycho” », et dans la presse en général, conclut une salariée.


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