mardi 20 avril 2021

L'un des experts psy de l'affaire Sarah Halimi s'explique : "l'irresponsabilité pénale s'imposait" Entretien exclusif

Propos recueillis par    Publié le 

Entretien exclusif

L'expert psychiatre Paul Bensussan avait examiné le tueur de Sarah Halimi. En se fondant notamment sur ses conclusions, la justice a déclaré l'assassin irresponsable et l'a exonéré d'un procès. Au cœur de la polémique, très critiqué, il a accepté de répondre aux questions de « Marianne ».


C'est acté depuis mercredi 14 avril : l'affaire Sarah Halimi n'ira jamais jusqu'à une cour d'assises. Ainsi en a décidé la Cour de cassation. Le tueur de la retraitée a en effet été déclaré « irresponsable pénalement ». Selon les différentes expertises rendues au cours de l'instruction, Kobili Traoré était en proie à une bouffée délirante au moment de la commission de son crime, après avoir consommé du cannabis. Depuis, de nombreuses voix s'élèvent pour critiquer un « déni de justice ». Emmanuel Macron lui-même a pris la parole ce lundi dans les colonnes du Figaro pour réclamer un changement législatif : « Décider de prendre des stupéfiants et devenir alors « comme fou » ne devrait pas à mes yeux supprimer votre responsabilité pénale. Sur ce sujet, je souhaite que le garde des Sceaux présente au plus vite un changement de la loi ». Plusieurs parlementaires ont d’ores et déjà élaboré des propositions de loi dans ce sens.

Mis en cause pour avoir été le premier, en collégialité, à rédiger une expertise allant dans le sens d'une irresponsabilité pénale, ciblé y compris par des féministes qui écrivent son nom sur des affiches collées à Paris, l'expert psychiatre Paul Bensussan a décidé de prendre la parole, en exclusivité pour Marianne.


Marianne : Quand et comment êtes-vous intervenu dans le dossier Sarah Halimi ?


Paul Bensussan : Le Professeur Frédéric Rouillon, le Docteur Elisabeth Meyer-Buisan et moi-même avons été désignés en collégialité pour effectuer l’expertise psychiatrique de Kobili Traoré. En avril 2018, Madame Ihuellou, magistrat instructeur, nous demandait l’examen psychiatrique et médico-psychologique du sujet, ainsi que l’étude de l’entier dossier. Nous avons rencontré Monsieur Traoré à deux reprises, en mai et juin 2018 à l’UMD Henri Colin (Unités pour Malades Difficiles, où sont internés les patients psychiatriquement dangereux) et rendu notre rapport le 11 juin 2018.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire