vendredi 16 avril 2021

Flaubert et l'épreuve du "gueuloir" : crier pour mieux écrire ?

Par Pauline Petit   15/04/2021 

"Je ne sais qu’une phrase est bonne qu’après l’avoir fait passer par mon gueuloir", confiait Gustave Flaubert. Moquée, cette technique de lecture à (très) haute voix permettait à l'écrivain de satisfaire son exigence stylistique.

"Voilà une lecture amusante" d'Honoré Daumier
"Voilà une lecture amusante" d'Honoré Daumier Crédits :  www.laurencin.net

"Il est 1 h. du matin. Je ne sais pas comment je n’ai pas la poitrine défoncée, depuis 4 h. que je hurle sans interruption." Ce message n'est pas celui d'un chanteur qui occupe ses nuits à répéter son grand concert, mais celui d'un écrivain : Gustave Flaubert. Celui dont on fête le bicentenaire de la naissancen'a jamais dissimulé la difficulté qu'il avait à écrire. Ses correspondances avec ses amis poètes, Louis Bouilhet à qui est adressé le mot ci-dessus, ou Louise Colet, en témoignent : 

Ça ne va pas. Ça ne marche pas. Je suis plus lassé que si je roulais des montagnes. J'ai dans des moments, envie de pleurer. Il faut une volonté surhumaine pour écrire. Et je ne suis qu'un homme. (...) Vingt pages en un mois, et en travaillant chaque jour au moins 7 heures ! - Et la fin de tout cela ? Le résultat ? Des amertumes, des humiliations internes, rien pour se soutenir que la férocité d'une Fantaisie indomptable", Gustave Flaubert à Colet Louise, Croisset, 3 avril 1852. Lettre n° 418   

Il faut imaginer Flaubert assis à sa table d'écriture de 9 heures à 13 heures, faire une sieste, puis se remettre à l'ouvrage de 16 heures jusqu'à 3 heures du matin en y apportant d'incessantes corrections. Toute la journée, il noircit du "papier gâché", sans savoir que cette accumulation de brouillons deviendra le trésor de futurs exégètes qui exhument, d'en-dessous les ratures, les bouts de phrases abandonnées. 

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