samedi 6 mars 2021

Les indispensables de la bibliothèque du féminisme : Clara Zetkin (Je veux me battre partout où il y a de la vie)

 DIACRITIK

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Sous une couverture particulièrement attirante, les éditions Hors d’atteinte offrent, une nouvelle fois, un ouvrage indispensable autour de la grande féministe allemande Clara Zetkin (1857-1933) dans sa collection « Faits et idées ». Disons-le d’emblée : à une époque où un livre se périme en 3 semaines, revenir à des écrits de plus d’un siècle peut apparaître comme ringard, inutile et démodé. Et pourtant… Celles et ceux qui plongeront dans ce livre découvriront, au-delà d’une phraséologie parfois dépassée, plus d’une analyse et plus d’une proposition d’une actualité malheureusement non périmée.

Clara Zetkin, c’est d’abord une vie ! Car que valent des écrits s’ils ne sont pas en phase avec une existence. Sur une cinquantaine de pages qui introduisent l’ensemble, Florence Hervé retrace les grandes lignes de soixante années d’engagement, de militantisme, d’oubli de soi pour des causes collectives et, tout particulièrement pour la cause des femmes. Inlassablement, Clara Zetkin a défendu leur place dans la société, leurs droits et pas seulement leurs devoirs comme aimaient à le leur rappeler les tenants du patriarcat : « Elle était aux yeux de l’empereur Guillaume II la « sorcière la plus dangereuse du Reich allemand » ; le poète français Louis Aragon voyait en elle « la femme de demain… la femme d’aujourd’hui. L’égale ». Pour Alice Schwarzer, icône du mouvement féministe ouest-allemand des années 1970, c’était une « antiféministe notoire », subordonnant la lutte des sexes à la lutte des classes, initiatrice d’une Journée internationale des femmes qu’il faudrait cesser de célébrer. La philosophe et militante américaine Angela Davis voit au contraire en elle l’une des principales théoriciennes et stratèges du féminisme socialiste, qui nous permet de « mieux comprendre la relation entre la lutte pour le socialisme et les combats contre le racisme, l’égalité des femmes et la paix ». Aujourd’hui encore, la vie et l’œuvre de Clara Zetkin, considérée à la fin du XIXe et au début du XXe siècles comme une des grandes figures du mouvement de libération des femmes et du début du socialisme en Europe, divisent ou sont passées sous silence ». Une figure des appréciations extrêmes : le timbre ci-contre, imprimé en 1987, peut en être le témoin, deux ans avant la chute du mur de Berlin.

Florence Hervé poursuit dans le bouquet d’appréciations laudatives ou négatives au sujet de Clara Zetkin : une personne aussi controversée mérite le détour pour la lire et la découvrir et se faire sa propre opinion. L’Allemagne de l’est et l’Allemagne de l’ouest l’ont reçue de façon différente ; le titre de l’un de ses articles peut donner une idée de ce tiraillement entre des pôles contraires : « Vilipendée à l’Ouest, encensée à l’Est ? Autour de la réception de Clara Zetkin ». On sait néanmoins qu’une grande figure est ignorée ou portée aux nues au risque de la manipulation de sa vie et de son œuvre.

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