lundi 8 mars 2021

Journée internationale des femmes : et si l’on interrogeait les hommes ?

Hannah Attar publié le  

© Rachel Rouzaud/Lam Produxion 2021


À l’occasion de la Journée internationale des femmes, la philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie et son mari, le réalisateur Laurent Metterie, font un pas de côté pour nous parler… des hommes. Ces dernières années, c’est de manière historique qu’ils ont été mis en face de leur propre rôle dans l’émancipation réelle de la femme. Comment les combats féministes ont-ils transformé leur quotidien ? Comment vivent-ils leurs relations avec les femmes, après #MeToo ? Quel regard portent-ils sur ces privilèges dont on les accuse ? Le documentaire Les Mâles du Siècle, qui sort aujourd’hui et peut être visionné en VOD à partir de 3€, entend donner quelques esquisses de réponses. Une trentaine d’hommes, âgés de 15 à 92 ans, se confient face caméra sur des sujets qui vont du partage des tâches et de l’éducation des enfants, à la sexualité et la question du genre. Ces témoignages intimes entrent en dialogue avec dix-neuf grands textes de la pensée féministe de 1906 à aujourd’hui, sélectionnés par les réalisateurs et lus lors de cours interludes – mettant en miroir discours féministes et évolution concrète des moeurs. Construit en trois temps – hier, aujourd’hui, demain , le documentaire offre un portrait panoramique des combats féministes du siècle dernier et jette un coup de projecteur sur une évolution qui s’opère en parallèle : la réinvention du masculin lui-même par le féminisme.

Bande-annonce du film Les Mâles du siècle

Hier : les droits pour l’égalité des sexes et la vie quotidienne

La question des droits des femmes lance le coup d’envoi des combats féministes : droit à l’avortement, insertion professionnelle, répartition des tâches au sein du foyer, l’égalité des sexes passe par un décloisonnement des rôles et la revendication d’un accès égal aux opportunités. Ce sont ainsi les mots de Gisèle Halimi, dans La Liberté des libertés (1979), qui ouvrent le documentaire : « Je suis plus qu’un corps, je suis aussi une raison. […] Je suis responsable de la plus grande chose : donner ou non la vie. » Le droit à l’avortement, poursuit la militante, est un « droit iceberg » : de manière visible, il touche à la question concrète de la procréation. De façon profonde et immergée, il entend réinventer la place de la femme au sein du couple et dans la société en général, amorçant alors une remise en question d’un « patriarcat » qui assigne des rôles en fonction du sexe. En 2021, quel bilan ?La prise de conscience a fait son bout de chemin, mais une certaine inertie reste peut-être à l’oeuvre – « Je sais qu’elle le fera mieux que moi », confie l’un des interrogés à propos des tâches domestiques, et un autre de reconnaître que « c’est vrai qu’elles n’ont pas le temps de lire. » Pour autant, ces combats ont aussi fait émerger une nouvelle paternité, plus affective et impliquée. L’homme qui « change les couches de son enfant » devant l’air ahuri de son propre père montre ainsi que commence à se dessiner les nouveaux contours du « mâle ».

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