lundi 22 février 2021

Euthanasie : « Je pars la fleur au fusil »… Pour Alain Cocq, la fin de vie justifie les moyens

Vincent VantighemPublié le 21/02/21

PORTRAIT  Lourdement handicapé, Alain Cocq a décidé de se rendre en Suisse pour bénéficier d’un suicide assisté et milite pour l’aide active à mourir en France

Alain Cocq
Alain Cocq — PHILIPPE DESMAZES / AFP
  • Âgé de 57 ans, Alain Cocq est atteint d’une maladie orpheline tellement rare qu’elle ne porte pas de nom. Il estime être en permanence à 8 sur 10 sur l’échelle de la souffrance.
  • En septembre 2020, il avait menacé de se laisser mourir en direct sur Facebook si Emmanuel Macron ne changeait pas la loi pour autoriser le suicide assisté, mais avait dû renoncer à son projet en cours de route.
  • Aujourd’hui, il a décidé de se rendre en Suisse pour bénéficier d’un suicide assisté.

A Dijon (Côte d’Or),

C’est lui qui a décroché son téléphone le premier. Il avait appris qu’on s’intéressait à son histoire et voulait nous convier chez lui, à Dijon. Le lendemain, il a rappelé pour savoir si on avait acheté notre billet de train. Le jour suivant, c’était pour donner son adresse. Et celui d’après pour vérifier qu’on avait bien noté le nom de la rue permettant d’accéder, plus facilement, à l’arrière de son appartement médicalisé. « Très bien, je vous attends, alors. Je m’occupe de préparer le café. »

Évidemment, à notre arrivée en ce jour neigeux de janvier, ce n’est pas Alain Cocqqui fait bouillir la marmite. Mais l’un des six auxiliaires de vie qui, chaque jour, se relaient à son chevet. A l’une, il réclame « le dossier médical noir ». A l’autre, « l’ordinateur ». Et entre les deux, « une tasse de café ». Torse nu, allongé dans son lit, cigarette aux lèvres, cet homme de 57 ans distribue les ordres sans affection particulière. Mais il ne faut pas y voir un manque de respect. C’est simplement sa manière de mener « le combat », comme il l’appelle. Lui en première ligne. Et ses aides-soignants en renfort.

« Je pars la fleur au fusil. Mais le fusil à l’épaule… », résume-t-il d’ailleurs d’une jolie image guerrière. Car, oui, Alain Cocq va mourir. Il veut mourir. Après une première tentative avortée en France en septembre, il a finalement décidé d’entamer les démarches pour bénéficier d’un suicide assisté à Berne (Suisse). Dans les prochaines semaines. Ou les prochains mois, peut-être. Tout est ficelé. Il attend simplement qu’on lui communique la date pour entamer son dernier voyage. Et il souhaite que les Français soient informés de son projet. « Je veux que la fin de vie devienne le thème majeur de la campagne présidentielle de 2022 », assume-t-il.

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