lundi 25 janvier 2021

Pas facile d’être féministe au pieu ?

Publié le  

Peut-on être féministe et aimer se faire traiter, au lit, de « grosse salope » ? Ou faut-il au contraire, sous peine de passer pour une féministe ratée, défendre en toute situation une stricte égalité sexuelle, en se mettant, par exemple, à compter les fellations et les cunnilingus, ou à sodomiser son conjoint avec un sextoy ? Ces questions – concrètes, voire crues – se posent aujourd’hui, alors que le néoféminisme a fait de l’intimité son nouvel espace de combat. 

En soulevant la question des violences sexuelles et du consentement, la révolution féministe est porteuse d’une émancipation sans précédent, qui conditionne la liberté sexuelle à celle de l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans le même temps, il apparaît que certains discours sur la sexualité soutenus au nom de cette égalité de genre tendent à réintroduire une forme de normativité sur les pratiques sexuelles elles-mêmes. Que l’on pense aux comptes Instagram militants, aux chroniques télévisées ou aux rubriques « sexo » des magazines, un risque semble peser sur les comportements sexuels (et singulièrement hétérosexuels) : qu’ils soient scrutés et contrôlés, au nom de nouvelles définitions de ce qu’est une vie sexuelle accomplie. Peut-on être féministe et refuser ces discours normatifs ? 

Dans ce texte sensible et engagé, l’essayiste Ariane Nicolas affronte ces questions difficiles, qui nous mettent toutes et tous face à nos désirs, nos contradictions et parfois nos douleurs intimes. Posant davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses toutes faites, elle se demande si l’idéal d’égalité entre les femmes et les hommes doit également s’appliquer à la sphère sexuelle, et jusqu’où la société peut avoir un droit de regard sur notre intimité. Est-il légitime de vouloir réformer les comportements, notamment masculins, au nom du féminisme ? Et si la sexualité devait faire appel à d’autres valeurs que celles de l’égalité, comme la joie ou la liberté ? 

Telles sont quelques-unes des interrogations qu’elle soulève dans les pas de la philosophe du féminisme Andrea Dworkin. Sans alarmisme aucun mais avec franchise et lucidité. 

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