lundi 30 novembre 2020

Syndrome de sevrage néonatal, ça ne s’arrête pas là !

Publié le 18/11/2020

Le syndrome de sevrage néonatal (SSN) touche les nourrissons dont la mère prenait des drogues, le plus souvent des opiacés ou des substituts, au moment de l’accouchement. L’augmentation de la consommation de ces produits a entraîné une fréquence croissante de ce problème. Les symptômes immédiats bien connus associent des trémulations, une agitation, des troubles du sommeil, une hypertonie, de la fièvre, des difficultés d’alimentation, des signes respiratoires et digestifs. Les conséquences à long terme sont moins bien documentées et plus difficiles à étudier en raison des facteurs de confusion liés au terrain maternel.

Une revue systématique a fait le point sur l’association entre le syndrome de sevrage néonatal (SSN) aux opiacés et les conséquences à terme sur la santé générale et l’éducation. Toutes les études publiées entre 1975 et 2019 ont été examinées dans 11 bases de données, à partir de 1975 en raison de l’introduction à cette date du score de Finnegan comme premier outil diagnostique validé. L’évolution, de 28 jours à 16 ans, a été prise en compte. Toutes les études ont été revues par deux observateurs qui ont extrait toutes les données et évalué les risques de biais. Sur 5 865 titres identifiés, 581 articles en version intégrale ont été examinés, 15 ont été jugés éligibles et 6 sont été intégrés dans une méta-analyse.

Mauvais traitements et troubles mentaux

Au total, les cas de 10 907 enfants ont été retenus et comparés à 1 730 213 sujets sans SSN. Les cohortes étaient rétrospectives (n = 8), ou prospective (n = 1) et il y avait des séries de cas (n = 6). Huit études ont été jugées globalement de bonne qualité, 4 de qualité moyenne et 3 médiocres. Le risque de mauvais traitements, après ajustements en fonction de facteurs maternels de confusion (gestation, âge, ethnie, syndrome de sevrage), était très augmenté d’après une méta-analyse de 3 études : Odds ratio ajusté aOR 6,49 (intervalle de confiance à 95 % IC 4,46-9,45). Le délaissement était le type le plus fréquent de mauvais traitement subi par les jeunes enfants. Deux études montraient la fréquence des hospitalisations pour blessure et empoisonnement (aOR 1,34 ; IC 1,21-1,49). Le risque de troubles mentaux était notoirement augmenté : déficit de l’attention/hyperactivité : aOR 2,18 ; IC 0,78-6,14 (dispersion due à l’hétérogénéité des études) et autisme, d’après l’une des publications : aOR 2,48 ; IC 1,47-4,18. Les troubles du comportement étaient rapportés par 4 études où l’augmentation du risque était évaluée (aOR entre 1,48 et 5,31). Les retards du langage étaient décrits dans 4 publications (d’après 2 d’entre elles homogènes aOR 2,81, IC 1,82-4,33). Les problèmes visuels ont été étudiés dans 7 publications qui ont montré une augmentation significative de l’incidence de strabisme et nystagmus. En définitive, ces enfants présentaient en moyenne des scores de performances scolaires plus bas dans tous les domaines.

Ainsi, mauvais traitements, problèmes mentaux, visuels et scolaires semblent émailler l’évolution des enfants victimes d’un sevrage néonatal aux opiacés. En raison de l’hétérogénéité des études et des facteurs de confusion nombreux, il est difficile de mesurer l’impact véritable de ce dernier.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE
Rees P et coll. : Childhood health and educational outcomes after neonatal abstinence syndrome: a systematic review and meta-analysis. J Pediatr 2020; 226: 149-156


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