vendredi 6 novembre 2020

La psychothérapie est un bon investissement

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MARIE-CLAUDE LORTIE     Publié le 7 novembre 2020 

QUEBEC

« Comment ça se fait qu’il y a encore des gens qui pensent que c’est du luxe ? », laisse tomber Martin Drapeau, au bout du fil.

« Pourquoi est-ce que cette idée reste ? »

Ce que le psychologue ne comprend pas, c’est la barrière, psychologique, justement, qui nous empêche encore de plonger dans des investissements publics majeurs en santé mentale.

Des investissements dans le réseau de la santé, bien évidemment, comme celui de 100 millions qui vient d’être annoncé par le gouvernement de François Legault, pour que les psychiatres et autres médecins et psychologues en milieu hospitalier et en clinique puissent soigner les tous les cas les plus sérieux qui leur arrivent, et même parfois les dossiers très lourds comme ceux qui viennent à l’esprit quand on pense aux dérapages tragiques constatés douloureusement ces dernières semaines.

Mais on a aussi besoin d’investissements en psychothérapie de base, pour soigner les autres cas. Les légers. Les modérés. Ceux qui ne font pas les nouvelles, mais qui ont quand même besoin d’attention, ceux qui engorgent les urgences et qui remplissent les journées des médecins de famille quand ça pourrait être autrement, qui monopolisent des ressources qui devraient se consacrer à d’autres problèmes. Ceux qui peuvent être soignés par des psychologues et tous les autres psychothérapeutes reconnus par le gouvernement, dans leurs bureaux – ou par vidéo maintenant –, mais ailleurs que dans les hôpitaux et les cliniques.

Et ne venez pas dire que ça coûterait trop cher. La démonstration a été faite par des chercheurs québécois, dont le psychologue et chercheur de McGill Martin Drapeau, en 2017, que si la psychothérapie pour les troubles de l’humeur – la grande famille des dépressions – était incluse dans les services payés par le régime de santé public, on pourrait récupérer 2 $, notamment en retombées fiscales et en économies de frais médicaux, pour chaque dollar investi. Ça serait peut-être un petit peu moins si on incluait aussi les troubles anxieux, l’autre grand groupe de problèmes, précise M. Drapeau.

L’Australie et le Royaume-Uni ont de telles politiques, et ça marche.

Ça vaut la peine d’investir.

La proposition d’accès universel a d’ailleurs été faite par le Parti libéral de Dominique Anglade, une proposition qui va plus loin que ce qu’avait suggéré le ministre Gaétan Barrette avant la défaite du PLQ.

L’idée est facile à comprendre intuitivement. Oui, il faudrait rembourser les frais de toutes ces personnes dépressives ou anxieuses qui iront chez le psychologue – ou un travailleur social, ou une infirmière ou un membre de toutes les autres professions reconnues qui ont le droit de recevoir la formation adéquate et l’attestation pour pratiquer la psychothérapie.

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