jeudi 8 octobre 2020

La médecine « scientifique » serait-elle ruine de l'art ? À travers quelques récits autobiographiques de médecins et chirurgiens


D
epuis Claude Bernard et avec lui, peut-on dire de la médecine qu’elle est devenue « scientifique » ? Adressée aux médecins et aux chirurgiens, cette question susciterait sans doute une réponse nuancée. On pourrait cependant imaginer que ceux qui, parmi eux, au cours du xxe siècle, ont pris la plume pour raconter leur vie, ont été sensibles à l’immensité des progrès scientifiques et techniques qui ont marqué leur époque. Rayons X en 1895, commercialisation de l’aspirine en 1903, sulfamides en 1909, insuline et BCG en 1921, vaccin antitétanos en 1926, pénicilline en 1928, facteur Rhésus en 1940, rein artificiel en 1943, structure de l’ADN en 1953, pilule contraceptive en 1960, greffe cardiaque en 1967, invention du scanner en 1972, identification du virus du sida en 1984, tels sont quelques-uns des apports scientifiques et techniques dont la médecine et la chirurgie ont largement bénéficié pendant cette période. Et, pourtant, les quelques auteurs – médecins et chirurgiens – d’écrits autobiographiques publiés au cours de ces années scientifiquement fastes évoquent rarement la dimension scientifique de leur pratique professionnelle, si ce n’est, ici ou là, à travers de vagues références, généralement pleines de déférence, à Claude Bernard ou Louis Pasteur. Beaucoup de médecins considèrent sans doute encore leur métier comme un art. Non pas au sens « esthétique » du terme, mais plutôt dans le sens d’une technè, un art au sens que les Grecs donnaient à ce mot. 



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