jeudi 1 octobre 2020

Humour : Camille Chamoux, et son éloge de l’optimisme malgré tout

 

La comédienne revient sur scène avec un one-woman-show, mis en scène par Vincent Dedienne, qui agit comme un baume en ces temps de Covid-19.

Par  Publié le 30 septembre 2020


Camille Chamoux sur la scène du théâtre du Petit-Saint-Martin, à Paris, le 8 septembre.

Depuis qu’elle est devenue mère, Camille Chamoux a découvert le minuteur. Un bon moyen d’expliquer à ses enfants que, lorsqu’il sonne, il est l’heure de lâcher les jouets pour prendre le chemin de l’école. De cette expérience personnelle a priori anodine, la comédienne-humoriste en a tiré une philosophie de vie : arrêter l’obsession du chronomètre pour privilégier la sagesse du minuteur.

Vous avez du mal à suivre ? C’est pourtant simple : au lieu de courir pour essayer de rattraper le temps, autant profiter de celui qui nous reste. En cette année 2020 si étrange, où le confinement a ébranlé le rythme de nos vies et où un sale virus pousse à s’interroger sur notre finitude, le nouveau spectacle de Camille Chamoux arrive comme une bouffée d’oxygène.

Intitulé tout simplement Le Temps de vivre, ce one-woman-show fait l’effet d’une thérapie par le rire pour affronter une époque à la technologie aussi innovante que déprimante.

Sur le plateau nu du théâtre du Petit-Saint-Martin à Paris, la comédienne accueille le public comme si elle le recevait chez elle. Six ans après le formidable Née sous Giscard  où elle nous conviait dans sa chambre de jeune fille pour tourner en dérision sa « génération inerte » adepte du vintage –, on la retrouve cette fois autour d’une grande table de salle à manger.

Hymne à la dédramatisation

Le temps a passé, Camille Chamoux a fait du cinéma comme scénariste ou actrice (Les GazellesLarguées), sa famille s’est agrandie, mais elle parvient toujours aussi bien à mêler expériences intimes et regards sur notre époque, à jouer des allers-retours entre les générations, en maniant à merveille l’autodérision. On redécouvre son don pour nous prendre par la main et raconter, avec une énergie communicative, que la vie ne peut pas devenir ni une juxtaposition de groupe WhatsApp, ni un décompte Waze et qu’il faut faire confiance à l’imprévu.

Gardant le goût pour la comédie sociologique à un personnage, s’adressant aux spectateurs comme à des amis, l’humoriste convoque Proust, Epicure et Léo Ferré pour se convaincre qu’il n’est « jamais trop tard pour rien » pourvu qu’on sache prendre le temps.

Camille Chamoux dans « Le Temps de vivre, un exposé sur la finitude en 70 minutes pile », au théâtre du Petit-Saint-Martin, à Paris, le 8 septembre.

Sagement coiffée et classiquement habillée, elle va, au fil de sa quête pour se réconcilier avec le temps qui passe, se défouler et tout envoyer balader : sa copine dépressive, son téléphone portable et la génération de boomeurs qui se croient encore jeunes et ne lâchent rien. Détachant ses cheveux, retirant sa chemise corsetée, elle se mue en quadra féministe se régalant, avec une fougue désopilante, de la lecture d’un texte de Virginie Despentes.

Sa famille s’est agrandie, mais elle parvient toujours aussi bien à mêler expériences intimes et regards sur notre époque

Hymne à la dédramatisation, éloge de l’optimisme malgré tout, ce one-woman-show à l’écriture soignée a été imaginé bien avant la survenue du Covid-19 et de ses conséquences. Mais il s’est étoffé grâce à ce printemps mis à l’arrêt. « Mes enfants, je les ai rencontrés pendant le confinement, ce sont des gens adorables », balance-t-elle devant le public masqué de cette rentrée particulière.

Son message (« réconcilions-nous avec le temps qui passe ») peut paraître un tantinet candide. Mais il est sauvé par la sincérité du jeu et une volonté de lâcher-prise qui prend, pour le spectateur, des vertus consolatrices dans cette période anxiogène.

Les interrogations de Camille Chamoux deviennent les nôtres et son humour agit comme un baume. Ajoutez à cela une mise en scène de Vincent Dedienne, qui a su glisser sa patte mélancolique et ajouter une dimension théâtrale au récit, et vous obtenez un one-woman-show d’une pétillance salutaire.

« Le Temps de vivre, un exposé sur la finitude en 70 minutes pile », de et avec Camille Chamoux, mise en scène Vincent Dedienne, jusqu’au 7 novembre, du mercredi au samedi à 20 h 30 au Théâtre du Petit-Saint-Martin, Paris 10e.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire