jeudi 29 octobre 2020

Des pratiques cliniques aux pratiques sociales : micro-révolutions dans les institutions psychiatriques et éducatives françaises (1945-1980)

 CMP-AGORA

Séminaire organisé et animé par Catherine Perret et Manuel Rubio dans le cadre des activités du Collège International de Philosophie
L'intégralité du programme est disponible sur le site : www.ciph.org

En raison du contexte épidémique, les séances auront lieu sur ZOOM les 3ème lundis du mois de 20h à

22h.

Lien pour se connecter au séminaire https://us02web.zoom.us/j/89570488252

« L’extermination douce » de dizaines de milliers de malades mentaux dans les hôpitaux psychiatriques durant le régime de Vichy a donné le jour à quelques-unes des hétérotopies les plus marquantes de la seconde moitié du XXème siècle. Qu’il s’agisse de l’hôpital psychiatrique de Saint Alban dirigé à partir de 1943 par Lucien Bonnafé et François Tosquelles, de La Grande Cordée créée par Fernand Deligny en 1947, de la clinique de La Borde fondée en 1953 par Jean Oury, ou de l’organisation de la psychiatrie en secteurs à partir de 1960, les expérimentations socio-thérapeutiques de cette époque sont portées par une production théorique soutenue par un engagement autant critique qu’ expérimental. Elles ont donné lieu à des micro-révolutions décisives au sein d’institutions dominées par l’aliénisme et l’idéologie de l’enfance.

Comment rendre justice à la singularité du fou, à ce qu’elle enseigne de la singularité de chacun et se laisser, individuellement et collectivement, altérer, diviser par cette singularité ?

Pour éviter que cette ou plutôt ces histoires ne se figent en légendes ou ne soient classées au milieu des dossiers historiographiques en attente, nous nous intéresserons, avec nos intervenants, à l’histoire du temps présent, aux effets de continuité et de discontinuité que le travail quotidien en institution permet d’expérimenter entre le passé récent, à échelle d’une mémoire d’homme, et notre actualité la plus immédiate.

Des traces des aventures diverses, parfois contradictoires, qui aujourd’hui font retour au nom d’une autre psychiatrie, nous irons aux affects, aux gestes, aux modes d’actions et d’inscription qui ont donné à ces mouvements une autonomie politique telle qu’au-delà d’un échec peut-être nécessaire, elles ont produit des formes stables qui aujourd’hui encore peuvent servir de lignes d’organisation. Le point de vue de l’histoire est ici stratégique : il permet de rester au plus près de la vie du matériau, du terrain, c’est-à-dire des pratiques. Et, pourquoi pas, d’en libérer l’utopie. La folie.

Le 16 Novembre 2020 : Laure Muratessayiste, historienne, est professeure à UCLA. Elle s’intéresse à l’histoire du genre, de la littérature et de la psychiatrie. Elle a notamment publié La Maison du docteur Blanche. Histoire d’un asile et de ses pensionnaires, de Nerval à Maupassant (2001, Goncourt de la biographie), La Loi du genre. Une histoire culturelle du ‘troisième
sexe’ (2006), L’Homme qui se prenait pour Napoléon. Pour une histoire politique de la folie (2011, Femina essai) et, plus récemment, Une révolution sexuelle ? Réflexions sur l’après-Weinstein (2018). Elle prépare actuellement un livre provisoirement intitulé : La folie à l’œuvre ou ces femmes qui font symptôme.

Le 14 décembre 2020 : Roger Ferreripsychiatre ou psychanalyste, ancien chef de service de l'intersecteur infanto-juvénile du sud de l'Essonne, élève et compagnon de route de Bonnafé. Il élabore une critique post-foucaldienne de la pédopsychiatrie, de la psychothérapie, tout en proposant une pratique originale de l'institution comme lieu de mise en discussion de la question de la valeur.

Il est l'auteur en particulier de : Des dispositifs d’appropriation de la question de la valeur ou des pratiques de la haine de l’autre. Sud/Nord, 27(2), 205-222, Folie en partage ou d’un commun qui serait du vrai semblable. Chimères, 95(2), 54-64, et contributeur aux Cahiers de l'Herne, Michel Foucault, n°95, 2011.

Michaël Guyaderpsychiatre des hôpitaux honoraire, ancien chef de service d’un secteur de psychiatrie générale de l’Essonne, auteur avec Serge Chollet de l’avant-propos du livre Le miroir ensorcelé de Lucien Bonnafé aux éditions Syllepse, préfacier du livre de Armand Ajzenberg : L’abandon à la mort de 76000 fous par le régime de Vichy chez l’Harmattan. Co-direction avec J.F.Reverzy du vol. 55, n° 8 d’octobre 1979 de l’Information psychiatrique : Qu’est devenue l’antipsychiatrie ?

Le 18 janvier 2021 : Franck Chaumonpsychanalyste, psychiatre. Psychanalyste à Paris, praticien de la folie à Evry (lieu de l’utopie d’Evry et Corbeil). Il a toujours mené de front l’acte analytique et l’engagement dans les « pratiques de la folie ». Il s’agissait pour lui de maintenir en tension ces deux axes, sans céder sur la rigueur éthique de l’un et de l’autre. La difficulté à cet endroit est connue : la psychanalyse avec les enfants ne cesse de verser dans l’ornière psychologique. D’une confrontation à la

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Programme des interventions

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question du droit est issu un livre, critique des positions de Pierre Legendre : Lacan, la loi, le sujet et la jouissance. Michalon éditeur. Dans la dispute ouverte au champ psychiatrique, un livre collectif :Manifeste pour la psychanalyse, La fabrique éd. Il a en outre animé l’association du même nom et sa collection aux éditions de l’Harmattan.

Le 15 février 2021 : Sophie Legrainphilosophe, fondatrice des Éditions d'une et membre du Centre de recherches sur le travail et le développement (CNAM). Elle a édité et publié les cinq premiers volumes des "Actes du GTPSI", Trait-d'union, journal de Saint-Alban 1950-1962Psychopathologie et matérialisme dialectique (conférence inédite de F. Tosquelles à l'ENS en 1947) et le cours de psychopathologie de Jean Oury à Jussieu autour des Symptômes primaires de la schizophrénie (1984-1986).

Le 15 Mars 2021 : Pierre Delionprofesseur émérite des universités, pédopsychiatre, psychanalyste est un militant de la psychothérapie institutionnelle et de la psychiatrie de secteur. Il a travaillé auprès d’adultes puis auprès d’enfants, d’adolescents et avec des bébés. Il a travaillé avec plusieurs équipes soignantes pour instituer des pratiques soignantes accueillantes en référence aux expériences de Tosquelles, d’Oury et de beaucoup d’autres. Il a consacré de nombreux travaux cliniques, psychopathologiques et théoriques à la prise en charge institutionnelle des enfants autistes et psychotiques.

Derniers ouvrages publiés : Fonction phorique, holding et institutions, Erès, Toulouse, 2018, Qu’est-ce que la psychothérapie institutionnelle ?, Eloge de la psychiatrie de secteur, D’une, Paris, 2019, Etre porté pour grandir, Yapaka, Bruxelles, 2019.

Le 19 Avril 2021 : Olivier Apprill est psychanalyste à Paris, formé au CNAM en psychopathologie du travail. Auteur de Une avant-garde psychiatrique – Le moment GTPSI (1960-1966), Epel, 2013. A codirigé (avec J.-C. Polack) la revue Chimères n°84 : "Avec Jean Oury" (2014). Il dirige aux Éditions d'une la collection des "Actes du GTPSY. Articles : "Institutional psychotherapy does not exist!" (dans Deleuze and Guattari Studies, Londres, à paraître en 2021) ; "Le concept de collectif chez Jean Oury" (dans Patrick Chemla (dir.), Le Collectif à venir, Érès, 2018) ; "François Tosquelles et la psychiatrie concrète" (dans Pascale Molinier

(dir.), François Tosquelles et le travail, Editions d'une, 2018).

Pierre-Johann Laffitte est sémiologue. Il travaille en compagnonnage avec différentes praxis, essentiellement pédagogiques, psychiatriques, artistiques et critiques (littérature, surtout). Ancien élève de classes coopératives de pédagogie Freinet et de pédagogie institutionnelle, il est également proche de la psychothérapie institutionnelle et de ses différents entours (artistiques, politiques, etc.). Il participe au DU de psychothérapie institutionnelle et psychiatrie de secteur avec Frank Drogoul; à La Tuché, organisme de formation créé par Florence Fabre en art-thérapie, sémiotique et psychothérapie institutionnelle, avec Michel Balat, à Elne.

Ouvrages : Pédagogie et Langage. La pédagogie institutionnelle, à la rencontre des sciences humaines et de l'homme, Paris, L'Harmattan, 2020. Le langage en deçà des mots. Rencontre à l'aube du langage entre sémiotique peircienne et psychothérapie institutionnelle, Paris, Éditions d'Une, 2020. Site: www.sensetpraxis.fr.

Le 17 mai 2021 : Marlon Miguel est l’auteur d’un thèse sur Fernand Deligny, chercheur au Centro de Filosofia das Ciências da Universidade de Lisboa, et affilié de l ́ Institute for Cultural Inquiry (Berlin). Il est l’un des responsables de l’organisation du Fonds Fernand Deligny à l’IMEC. Sa recherche actuelle interroge la façon dont le concept de “milieu” est mobilisé dans des pratiques cliniques et éducatives. Parmi ses publications récentes : "Cartes, objets, installations: le problème de l’art dans la pensée et dans la pratique de Fernand Deligny" in La Part de l’Oeil, [n° 33-34, 2019/20]; "Representing the World, Weathering Its End. Arthur Bispo do Rosário’s Ecology of the Ship" in Weathering: Ecologies of Exposure; "Psychiatric Power Exclusion and Segregation in the Brazilian Mental Health System" in Democracy and Brazil Collapse and Regression (London: Routledge, 2020).

Le 21 Juin 2021 : Patrick Chemla, psychiatre et psychanalyste, chef de pôle, directeur du centre Antonin Artaud et des publications de la Criée. Parmi ses publications : " Sacrifice/ Enjeux cliniques », Ed L’harmattan,1970, ainsi que de nombreux ouvrages collectifs qu’il a dirigé et édité aux éditions Très, de Asile ? , 1999, à tout récemment L’imaginaire dans la clinique, Septembre 2020. Les enjeux du travail menés par Patrick Chemla sont à l’entrecroisement du politique et de la psychanalyse, avec la psychothérapie institutionnelle.


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