mardi 29 septembre 2020

Sexisme à l'hôpital : plus de 300 médecins alertent sur la discrimination liée à la grossesse

 

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PUBLIÉ LE 28/09/2020

Crédit photo : S.Toubon

« Comme si la décision pour une femme d'avoir un enfant pouvait revenir à un chef de service ! » Ce cri du cœur, tiré d'une tribune parue le 26 septembre dans les colonnes du « Monde » reflète bien l'exaspération des signataires. À l'initiative des Drs Anna Boctor, pneumo-pédiatre et Lamia Kerdjana, anesthésiste-réanimatrice, un collectif de près de 330 professionnels de santé dénonce les situations trop récurrentes de discrimination liée à la grossesse dont sont victimes les femmes médecins.

« Si tu veux ce poste, tu ne devras pas avoir d'enfant pendant ton clinicat »« il n'y a que les stériles ou les moches qui travaillent »« tu peux encore avorter »… Voilà quelques exemples de remarques sexistes rapportées dans la tribune. « La misogynie est systémique dans le milieu hospitalier », écrivent les signataires.

Selon une enquête de l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) de mars 2019, ce genre de discrimination touche une femme médecin sur trois. « Certaines ont pleuré après un violent entretien avec leur chef de service à l'occasion de l'annonce de leur grossesse. D'autres ont subi des réflexions culpabilisantes quant à la charge de travail laissée aux collègues, voire ont subi une surcharge de travail avant ou au retour de leur congé maternité, parce qu'elles devaient "payer" », rapportent encore les auteurs. Selon la même étude, 6 % des femmes praticiennes à l'hôpital ne prennent pas ou écourtent leur congé maternité à cause de la pression ressentie.

Cette situation représente un véritable frein pour la carrière de beaucoup de femmes. Une enquête nationale de 2018 réalisée sur plus de 3 000 PH fait état de 69 % des femmes qui auraient fait une carrière différente si elles avaient été un homme et 43 % déclarent avoir déjà été victimes de discrimination liée à leur sexe au travail. Preuve en est aujourd'hui, si 53 % des PH sont des femmes, elles ne représentent que 22,2 % des PU-PH. « Ces discriminations et vexations doivent cesser aussi bien pour les femmes que pour l'avenir de l'hôpital », exhorte la tribune.

14 recommandations

Peu après la publication de la tribune, le syndicat Jeunes Médecins, dont le Dr Lamia Kerdjana préside le bureau Île-de-France, a publié une série de 14 recommandations pour permettre « d'assurer l'égalité entre les femmes médecins et leurs confrères ». S'agissant des congés, il est ainsi proposé de garantir systématiquement le remplacement des congés maternités, de rendre le congé paternité obligatoire et d'une durée égale à celui des femmes ou encore d'imposer la parité dans les nominations des universitaires contractuels et titulaires au sein de chaque université.

Pour lutter contre le harcèlement, le syndicat propose en outre une série de mesures visant à désigner un coordinateur dans chaque structure clinique ou encore à mener des campagnes de sensibilisation à destination des professionnels de santé. Pour les porter, Jeunes Médecins demande une entrevue avec la ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Élisabeth Moreno. 




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