dimanche 20 septembre 2020

Pénalisation des médecins délivrant des certificats de virginité : le débat n’est pas tranché

 




Paris, le samedi 19 septembre 2020 – « Dans la République (…), on ne peut pas exiger des certificats pour se marier » énonçait le 18 février dernier, le Président de la République à l’occasion d’une visite à Mulhouse. Ainsi, le chef de l’Etat incitait clairement son gouvernement à agir pour dénoncer ces pratiques ancestrales, qui perdurent de façon marginale dans certaines communautés, et qui sont un signe clair de la négation du droit des femmes à disposer de leur corps. La traduction de ce rappel sans nuance d’Emmanuel Macron a été la décision du ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin de s’engager vers une pénalisation des médecins qui délivrent des certificats de virginité. Il ne s’agit donc pas directement d’agir contre ceux qui exigent des certificats pour se marier, mais contre ceux qui les fournissent.

Des sollicitations rares mais régulières et persistantes

Dans les faits, il est difficile de mesurer combien de jeunes femmes sont chaque année concernées par la nécessité impérieuse d’obtenir un certificat de virginité en raison des demandes insistantes de leur famille. Ni les instances ordinales, ni les ministres concernés ne peuvent facilement établir un recensement de ces situations. Les témoignages des associations et de médecins (notamment ceux qui exercent dans des territoires où les demandes peuvent être plus nombreuses) évoquent des situations très rares, mais néanmoins régulières ; ce qui conforte la nécessité d’une prise de conscience et au-delà d’une action.

Distinction entre le test de virginité et le certificat

Le Conseil de l’Ordre des médecins s’était déjà prononcé en 2003 sur la question non pas seulement des certificats, mais également des tests de virginité. Il rappelait que « n’ayant aucune justification médicale et constituant une violation du respect de la personnalité et de l’intimité de la jeune femme (notamment mineure) contrainte par son entourage de s’y soumettre, un tel examen ne relève pas du rôle du médecin ». Il notait donc que les médecins étaient « invités à refuser l’examen et la rédaction d’un tel certificat ». Une distinction doit peut-être en effet être faite entre le test de virginité et le certificat. Dans sa communication, le ministre de l’Intérieur s’est concentré sur la question du certificat, de la même manière que les médecins qui ont évoqué le sujet. Cela semble sous-entendre, ce qui est certainement le cas, qu’en France, les médecins se refusent toujours à réaliser des "examens" pour "vérifier" la virginité d’une jeune fille. Cependant, au-delà de ce test indigne, certains médecins acceptent, comme ils en ont témoigné ces derniers jours, de délivrer des attestations de virginité. « Dans certains cas, pour les très jeunes femmes notamment, ma priorité est d’abord de les protéger et si la délivrance d’un certificat de virginité est le seul moyen, je le fais et je l’assume », a par exemple expliqué la gynécologue obstétricienne Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes. Les praticiens qui ont indiqué comme le docteur Hatem accepter dans certains cas limite la rédaction d’un tel certificat répondent à un contexte de détresse particulier, mais n’omettent jamais de rappeler ses droits à la jeune femme, de déconstruire les idées préconçues sur la rupture de l’hymen et le saignement censé systématiquement l’accompagner (et qui est recherché dans les coutumes comme la preuve de la virginité de la mariée), voire de l’aiguiller vers des structures d’aide.

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