vendredi 25 septembre 2020

Les directeurs d'hôpital défendent la dimension "santé publique" de leur métier

 

Thomas Quéguiner    Publié le 24/09/20 


Face au Covid-19, les directeurs d'hôpital n'ont eu de cesse depuis mars de mettre en avant le sérieux de leur gouvernance. Aux journées de l'ADH, ils ont appuyé ce constat, défendant un métier de santé publique qui "enrichit le collectif hospitalier" en tant qu'acteur à part entière d'une véritable "chaîne d'union de soins".

Pour le président de l'ADH, Vincent Prévoteau, le Covid-19 a confirmé que "l'échelon territorial est bien un échelon d'action pour l'hôpital". D'où la nécessité de "déléguer plus" aux GHT et aux délégations départementales des ARS. (Ph. Rossignol/ADH)
Pour le président de l'ADH, Vincent Prévoteau, le Covid-19 a confirmé que "l'échelon territorial est bien un échelon d'action pour l'hôpital". D'où la nécessité de "déléguer plus" aux GHT et aux délégations départementales des ARS. (Ph. Rossignol/ADH)
En laissant entendre au printemps 2019 pour son premier discours en tant que président de l'Association des directeurs d'hôpital (ADH) que les directeurs se disent "tous soignants" comme tous les hospitaliers, Vincent Prévoteau ne s'est pas attiré que des sympathies (lire notre article). Si bien qu'un an et demi plus tard, ce 24 septembre, en entame des 28es journées nationales de l'ADH organisées deux jours durant en virtuel et présentiel depuis le Parc floral à Paris, celui qui dirige par ailleurs au quotidien le CH de Rodez (Aveyron) a tenu à préciser ses propos.

"Déléguer plus aux GHT"

Certes, face aux "soignants au lit" des malades, "je n'aurai aucunement la prétention de dire que je pourrais faire leur travail, a-t-il d'emblée souligné. Néanmoins, on ne peut pas nier le fait que la chaîne d'union de soins comporte des femmes, des hommes, qui agissent en leurs grades et qualités pour la prise en charge des patients." Pour étayer ses propos, il a d'ailleurs tenu à rappeler que le Ségur de la santé a peut-être valorisé les métiers soignants mais plus largement "tous les métiers à l'hôpital", confirmant d'autant plus encore face à la crise sanitaire actuelle liée au Covid-19, "la force du collectif" hospitalier (lire notre article et notre analyse). Ainsi, pour citer Vincent Prévoteau, "il est important de reconnaître cette place de toutes et tous, tournés vers le même but. Directeur d'hôpital, ce n'est pas manier des tableaux Excel, ce n'est pas manier des chiffres. Alors oui ça fait partie de notre quotidien, mais c'est nous nourrir, c'est nous enrichir et ça enrichit ce collectif hospitalier et ce sens des valeurs que nous portons tous."

Face à cela, la gestion de terrain du coronavirus, avec par exemple la création initiée par plusieurs directeurs de plateformes d'appui pour les personnes âgées, a justement démontré, à entendre le président de l'ADH, "cette dimension de santé publique de nos métiers : nous sommes formés dans une école spécifique [l'École des hautes études en santé publique, EHESP] pour un métier spécifique. [...] Nous sommes bien des femmes et hommes de santé publique."

Plus largement, il s'agit de "ne pas diviser" les hospitaliers pour "coconstruire ensemble, collectivement", à travers une "gouvernance équilibrée" au plus près du terrain (lire ici et  nos articles). Encore faut-il pouvoir disposer en direction d'établissement d'un réel "pouvoir à agir". Or "il est beaucoup plus difficile d'être collectif, de ne pas opposer, quand il y a ces contraintes budgétaires. Et l'incompréhension naît aussi de ça", ne cache pas le responsable. Pour être "rapide et efficace", il serait bienvenu, selon lui, de "déléguer plus" aux groupements hospitaliers de territoire (GHT), par exemple des fonds d'investissements, et de renforcer la capacité décisionnaire des délégations départementales des ARS. Car s'il y a une chose que le Covid-19 a confirmé, c'est que "l'échelon territorial est bien un échelon d'action pour l'hôpital".

Une UMR sur le management en santé labellisée par le CNRS

Comme l'a indiqué son directeur, Laurent Chambaud, en ouverture des journées de l'ADH, l'École des hautes études en santé publique (EHESP) s'apprête à voir une trentaine de ses chercheurs centrés sur les questions de management en santé (lire notre interview) rejoindre une unité mixte de recherche (UMR) labellisée par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Le responsable espère également y ajouter par la suite une labellisation par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).



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