mercredi 2 septembre 2020

La fausse lettre qui permettrait aux parents de refuser de vacciner leurs enfants contre le Covid-19

De nombreux internautes ont partagé un « avenant dérogatoire » encourageant les parents à s’opposer au dépistage du coronavirus à l’école. Or ce document n’a aucune valeur.
Par  Publié le 31 août 2020

Le retour des enfants à l’école dans un contexte incertain de pandémie engendre de nombreuses inquiétudes. Sur Facebook, une publication virale prétend rassurer les parents sur les risques de dépistages forcés dans les établissements scolaires.

Ce que dit la rumeur
La publication comporte une « copie de lettre type » que les parents sont censés pouvoir envoyer aux établissements qui scolarisent leurs enfants. Il s’agit plus précisément d’un « avenant dérogatoire à la fiche d’infirmerie » que les parents remplissent pour demander que leur enfant ne « soit soumis à aucun test Covid-19 » ni à « aucun vaccin ».
POURQUOI ÇA N’A AUCUNE VALEUR

Cette publication alarmiste sous-entend que les enfants pourraient se faire vacciner ou dépister contre le Covid-19 au sein de l’école. Cela ne risque pas d’arriver. Tout d’abord, il n’existe à ce jour aucun vaccin contre le nouveau coronavirus. Ensuite, les établissements scolaires n’ont pas vocation à vacciner les enfants ou à leur faire subir des tests de dépistage au Covid-19. L’école « n’est pas un établissement de soins mais un lieu de vie », a précisé le syndicat des infirmiers scolaires SNICS-FSU à nos confrères de Franceinfo.
Les missions de l’infirmier scolaire, selon l’éducation nationale, sont « d’assurer les soins infirmiers préventifs et curatifs et de concevoir, d’évaluer et de mettre en œuvre des actions d’éducation à la santé tant dans le champ individuel que collectif ». A ce titre, ils peuvent par exemple administrer des médicaments, mais pas n’importe lesquels. L’organisation des soins dans les établissements scolaires est encadrée par un protocole détaillé dans un bulletin officiel de l’éducation nationale publié en 2000. Celui-ci précise le nombre de médicaments que peuvent donner les infirmiers scolaires.
Ce sont surtout des substances destinées à soulager les élèves à court terme (paracétamol, sérum physiologique, Biafine, arnica, bains de bouche, etc.). Des médicaments d’urgence peuvent également être donnés sur prescription médicale. A noter que dans l’enseignement secondaire, les infirmiers peuvent administrer une contraception d’urgence aux élèves dans un cadre strict défini dans ce protocole.
L’autorité parentale prime chez les mineurs
Avant d’entrer à l’école, un enfant doit avoir réalisé un certain nombre de vaccins obligatoires et l’infirmier peut avoir accès aux certificats de vaccination. Mais il ne peut ni vacciner un enfant ni décider de le faire sans accord parental. Le droit français confère en effet aux parents des devoirs « vis-à-vis de leur enfant mineur » tels que de « veiller sur l’enfant, sa santé, son éducation ».
La gestion d’une éventuelle contamination d’un enfant au Covid-19, et donc d’un test de dépistage, revient naturellement aux parents d’élèves qui « jouent un rôle essentiel », comme le souligne le ministère de l’éducation nationale dans son protocole sanitaire :
« Les parents d’élèves s’engagent à ne pas mettre leurs enfants à l’école, au collège ou au lycée en cas de fièvre (38 °C ou plus) ou en cas d’apparition de symptômes évoquant la Covid-19 chez l’élève ou dans sa famille.
De même, les élèves ayant été testés positivement au SARS-CoV-2, ou dont un membre du foyer a été testé positivement, ou encore identifiés comme contact à risque ne doivent pas se rendre dans l’école ou l’établissement scolaire. Ils en informent le directeur ou le responsable d’établissement. »
Si un enfant présente des symptômes à l’école, celui-ci est « isolé avec un masque sous la surveillance d’un adulte qui porte également un masque », précise le ministère dans un livret destiné aux parents. Ces derniers seront « rapidement » contactés par l’école qui les invitera à se rapprocher du médecin traitant « avant tout retour en classe ».
En résumé, les écoles n’effectuent pas de tests de dépistage au Covid-19. Quand bien même ce serait le cas, les infirmiers scolaires ne pourraient rien faire sans accord parental. Ce document qui joue avec les peurs n’est donc d’aucune utilité à l’heure actuelle.

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