mardi 25 août 2020

Soins dentaires en psychiatrie, un peu de négligence…

Publié le 25/08/2020





Les articles signés par une équipe française dans les revues psychiatriques internationales sont trop rares pour ne pas évoquer cette publication proposée (dans le Canadian Journal of Psychiatry) par une équipe de l’hôpital de Ville-Evrard, en Seine-Saint-Denis. Consacrant une étude à « l’évaluation de la douleur et de l’anxiété lors de soins dentaires chez les patients hospitalisés en psychiatrie », les auteurs rappellent que la santé bucco-dentaire des patients en psychiatrie s’avère souvent « problématique », dans la mesure où le taux de recours au chirurgien-dentiste demeure inférieur de 25 % à celui de la population générale.  Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’on connaît les effets indésirables de certains traitements psychotropes (risques d’hyposialie médicamenteuse), préjudiciables pour la santé bucco-dentaire quand ils ne sont pas pris en compte et corrigés.

L’anxiété n’est pas un frein

Souhaitant comprendre comment l’anxiété et la douleur du patient peuvent impacter la prise en charge bucco-dentaire et le bon déroulement des soins, les auteurs ont réalisé une étude sur 100 patients hospitalisés en psychiatrie, en appréciant « leur niveau d’anxiété et de douleur » à l’aide de certaines échelles dédiées. Ils ont évalué aussi chez ces patients leur degré de « coopération aux soins. » Contrairement à ce qu’on pouvait peut-être imaginer a priori, cette étude permet aux auteurs de constater que l’anxiété ne constitue pas systématiquement, par elle-même, un frein à la prise en charge par le chirurgien-dentiste. Au contraire, on observe que le niveau d’anxiété des patients peut même diminuer significativement après les soins bucco-dentaires. Quant au comportement de ces patients hospitalisés en psychiatrie pendant les soins bucco-dentaires, il paraît « similaire à celui de la population générale. » En conclusion, les auteurs estiment que la santé bucco-dentaire ne doit plus rester le parent pauvre chez les patients hospitalisés en psychiatrie, mais qu’elle fait partie intégrante des objectifs de leur prise en charge somatique.

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Bolloré O et coll.: Evaluating pain and anxiety under dental care in psychiatric inpatients. Canadian J Psy, 2020 ; 65(04): 273–277.

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