mardi 25 août 2020

Où l’addition des troubles de l’humeur se solde par une mortalité prématurée

Publié le 20/08/2020





Portant sur une population initiale de plus de 5 300 personnes (avec 3 001 participants éligibles, évalués au moins à trois reprises), une étude réalisée au Royaume-Uni examine l’association entre les troubles affectifs (autrement dit les troubles de l’humeur) et la mortalité, dans la mesure où « l’accumulation de troubles affectifs au cours de la vie » peut entraîner une « mortalité prématurée. »

Les données proviennent de l’étude épidémiologique MRC sur la santé et le développement[1] concernant une cohorte de naissance (sujets nés en mars 1946 en Angleterre, au Pays de Galles ou en Écosse) examinée jusqu’à 24 fois entre 1946 et 2015. Les troubles affectifs ont été évalués une première fois vers l’âge de 14 ans (± 1 an) au moyen d’un questionnaire réalisé alors par un enseignant, puis à 36 ans (entretien semi-structuré clinique), à 43 ans (questionnaire sur la fréquence des symptômes psychiatriques) et à 53 ans (General Health Questionnaire–28)[2]. Les données sur la mortalité ont été obtenues auprès du registre central du National Health Service (le système de santé publique du Royaume-Uni) entre l’âge de 53 ans et l’âge de 68 ans.

Sur les 3 001 sujets de l’étude (dont 50,3 % de femmes et 49,7 % d’hommes), 235 personnes (soit 7,83 %) sont décédées au cours d’un suivi de 15 ans. Après ajustement pour le sexe, ceux avec des antécédents de troubles thymiques avaient des taux de mortalité prématurée plus élevés, par rapport à ceux n’ayant jamais présenté de tels troubles affectifs.  Les symptômes notés à l’adolescence (entre 13 et 15 ans) étaient associés à une surmortalité de 94 %, restant « inexpliquée après un ajustement pour des covariables » (Hazard Ratio HR = 1,73 ; intervalle de confiance à 95 % : 1,10–2,72). À l’âge adulte, cette association est « atténuée » par certains facteurs : prise d’anxiolytiques, d’antidépresseurs, activité physique, régime alimentaire, fonction pulmonaire, etc.

Constatant ce lien entre « l’accumulation de troubles affectifs au fil de l’existence et une augmentation du taux de mortalité », les auteurs estiment que des recherches ultérieures devraient préciser les mécanismes étiologiques de cette association qui dépendent de la durée et de l’époque des symptômes.

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/National_Survey_of_Health_%26_Development
[2] https://www.strokengine.ca/fr/quick/tableau-synthese-du-general-health-questionnaire-28/

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Gemma Archer & coll.: Association between lifetime affective symptoms and premature mortality. JAMA Psychiatry, 2020; 77(8): 806–813

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