samedi 22 août 2020

L’Eglise de scientologie réclame des comptes à la psychiatrie lorraine







À partir de mardi, une association émanation de l’Eglise de scientologie, la Commission des citoyens pour les droits de l’homme, va manifester devant les hôpitaux psychiatriques de Verdun, Nancy, Metz-Thionville et Lorquin. Pour dénoncer des « abus en matière de contention et d’isolement ».
Par Cédric CITRAIN le 21 août 2020
Les hôpitaux psychiatriques de Lorraine sont visés par une opération de manifestations d’une association émanation de l’Eglise de scientologie. Photo d’archives ER /Alexandre MARCHI
« Des abus en matière de contention (immobilisation avec la camisole, N.D.L.R.) et d’isolement » dans les établissements psychiatriques de Lorraine. Voilà ce que veut dénoncer une association, la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH). Pour ce faire, à partir de mardi, elle va manifester successivement devant les centres hospitaliers de Verdun, Nancy, Metz-Thionville, Sarreguemines et Lorquin. Mais la CCDH n’est pas une association comme les autres. Elle est affiliée à l’Eglise de scientologie , organisation répertoriée comme sectaire par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ( Miviludes ). Née aux États-Unis, la scientologie entreprend régulièrement ce type de démarches au travers d’associations dont elle est à l’origine de la création. Comme celle « Non à la drogue, oui à la vie » qui se veut lutter contre la drogue.

« Même si ça peut en déranger certains » 

Pour Mylène Escudier, présidente nationale de la CCDH, cela ne pose pas de problème : « été co-fondée en 1969 aux États-Unis avec l’Eglise de scientologie car nous nous rejoignons sur les droits de l’homme. En France, il y a des catholiques et aussi des scientologues, même si ça peut en déranger certains ». Pour chaque établissement psychiatrique, la CCDH déroule une liste de récriminations. À Verdun, c’est un « manque de transparence ». Le centre hospitalier ne lui a pas communiqué le registre des mesures d’isolement et de contention malgré un avis de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) du 25 juin dernier. Aux centres hospitaliers de Metz-Thionville et Sarreguemines, mêmes reproches. Au Centre psychothérapeutique de Nancy (CPN), qui a fourni ce registre à la CCDH en 2018, Mylène Escudier reproche d’avoir « anonymisé », « occulté certaines données » le « rendant inexploitable ». Par exemple, sur la plus longue mesure d’isolement (43 jours), elle ne sait pas si « c’est consécutif, cumulatif ou si d’autres mesures se sont appliquées au même patient ». Enfin, à Lorquin, avec le registre, elle relève, par exemple, un isolement consécutif de 412 jours dont 12 jours de contention pour une même personne. La CCDH n’a évidemment pas accès aux dossiers médicaux de ces patients, même anonymisés, pour juger du bien-fondé de la mesure. Ils sont couverts par le secret médical. Mais se basant sur la loi de 2016 disant que « l’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre, prise pour une durée limitée », Mylène Escudier estime que ces hôpitaux « violent les droits humains les plus fondamentaux et la dignité des patients ».


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