Une amende de 2 000 euros vient d’être requise contre la performeuse Deborah De Robertis pour s’être montrée nue devant la grotte de Lourdes. Avant elle, de nombreux artistes de différents pays ont été condamnés par la justice pour des créations jugées sacrilèges.
Juin 2020 : chère tenue d’Ève
Deux mille euros. C’est le montant de l’amende requise, le 25 juin, par le parquet de Tarbes à l’encontre de Deborah De Robertis. En août 2018, l’artiste franco-luxembourgeoise s’était présentée nue à l’entrée de la grotte du sanctuaire de Lourdes, où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie serait apparue à Bernadette Soubirous en 1858. Le sanctuaire a porté plainte, dénonçant « un acte d’exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents ». La récidiviste, déjà relaxée par le passé pour des performances dénudées au Louvre et à Orsay, affirme avoir voulu réunir à Lourdes deux figures bibliques, Marie « l’asexuée » et Marie-Madeleine la « trop sexuée », pour dénoncer les stéréotypes féminins véhiculés par la religion. Jugement rendu le 6 août.
Juin 2017 : coût de trique
Le site Hyperallergic rapportait, en juin 2017, l’arrestation dans un cybercafé de Rome du street-artiste italien Hogre, coupable d’avoir placardé une affiche satirique sur des arrêts de bus dans la capitale. Intitulée Ecce homo erectus, celle-ci représente Jésus en érection sous sa robe, posant une main sur la tête d’un enfant en prière. L’artiste provocateur réagissait alors aux accusations d’agressions sexuelles sur mineurs visant le cardinal australien George Pell, le numéro 3 du Vatican. En vertu de l’article 724 du code pénal italien, qui réprime le blasphème, il risquait 5 000 euros d’amende et une peine jusqu’à deux ans de prison. Hogre a toutefois échappé à un procès et récidivé deux ans plus tard en collant la même affiche, de nouveau à Rome.
Août 2012 : prière de se taire
C’est une peine des plus sévères qui a été infligée à ces artistes. Nadejda Tolokonnikova, Ekaterina Samoutsevitch et Maria Alekhina, trois jeunes membres du collectif russe Pussy Riot, ont été condamnées le 17 août 2012 à deux ans de camp, par un tribunal moscovite pour « vandalisme » et « incitation à la haine religieuse », à l’issue d’un procès fortement médiatisé. Leur seul tort ? Avoir chanté en février 2012 une « prière punk » dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, demandant à la Sainte Vierge de chasser Vladimir Poutine du pouvoir. Les jeunes femmes avaient indiqué avoir aussi voulu dénoncer « la collusion de l’église et de l’état ».
2003 : chemin de croix
En 2003, le tribunal régional de Gdansk, en Pologne, a condamné l’artiste Dorota Nieznalska à six mois de prison ferme, commués en peine de travaux d’utilité publique, pour injure aux sentiments religieux. En cause, son installation baptisée Pasja (« passion », en polonais). Présentée à la galerie Wyspa, à Gdansk, en 2002, celle-ci se composait d’une photo de cuisses et de parties génitales masculines intégrées à une croix gréco-romaine accompagnée d’une vidéo filmant un sportif en train de soulever des haltères. Les recours en justice et le tollé international suscité par la sentence ont toutefois permis à l’artiste d’échapper à la peine en 2009.
1998 : entorse à l’intégrisme
En découvrant, en 1998, le livre I.N.R.I. des Français Bettina Rheims et Serge Bramly, recueil photographique racontant la vie du Christ et publié chez Albin Michel, l’abbé Philippe Laguérie voit rouge. La couverture montre une femme torse nu crucifiée. Basé en Gironde, le prêtre intégriste, ancien curé de la paroisse traditionaliste Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, assigne alors trois librairies bordelaises, la Fnac, Mollat et Virgin, afin de leur interdire la diffusion, la vente, ainsi que la présentation du livre. Une ordonnance en référé interdit d’exposer le livre au public. Décision infirmée quelques semaines plus tard par la cour d’appel de Bordeaux qui a condamné l’abbé zélote à indemniser l’une des librairies visées.
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