samedi 25 juillet 2020

Futur vaccin contre le Covid-19 : de premières pistes pour définir les personnes prioritaires

Un rapport esquisse une stratégie vaccinale en France et cible les personnes exposées par leur métier, âgées et précaires. Pour l’heure, aucun vaccin n’a toutefois fini son développement.
Par  Publié le 24 juillet 2020
Un volontaire reçoit un vaccin contre le SARS-CoV-2 pendant la phase d’essai clinique, dans un hôpital de Sao Paulo (Brésil), le 21 juillet.
Il n’y a pas encore de vaccin contre le SARS-CoV2 – les premiers, en cours d’essais cliniques, pourraient être disponibles au quatrième trimestre de 2020 –, mais la France s’attelle d’ores et déjà à définir une stratégie vaccinale.
Un premier rapport, élaboré par une quinzaine de membres du conseil scientifique, du comité analyse, recherche et expertise (CARE) et du comité vaccin Covid-19, a été mis en ligne sur le site du ministère de la santé, vendredi 24 juillet.
Ce document définit notamment les cibles prioritaires. On y trouve en tout premier les personnes exposées de par leur métier, celles à risque du fait de leur âge ou d’une maladie chronique et les individus en grande précarité, soit près de la moitié de la population française.

La population exposée professionnellement représente, selon les auteurs, environ 6,8 millions de personnes, dont 1,8 million sont des personnels de santé : médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, aides-soignants… Cinq autres millions de professionnels sont aussi jugés prioritaires car travaillant au contact du public (commerce, écoles, transports, restauration…), en milieu confiné à risque (abattoir, taxi…), ou encore hébergés en milieu confiné (travailleurs migrants, sites de construction…).
Quelque 23 millions de personnes à risque du fait de leur âge (supérieur à 65 ans), d’une pathologie chronique (dont les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète), ou d’une obésité sont également considérées comme de « toute première priorité » pour bénéficier d’un futur vaccin. Enfin, 250 000 personnes en état de grande précarité sont au même niveau de priorité.

« Se donner le temps nécessaire »

Une liste de prioritaires en « second lieu » est évaluée à 5 millions de Français. Elle comprend les habitants des départements et régions d’outre-mer en cas de risque de pénurie de lits de réanimation, les personnes vivant dans des établissements fermés à risque accru de transmission (prisons, établissements pour personnes handicapées et hôpitaux psychiatriques) et des personnels avec un emploi « stratégique » (policiers, militaires, pompiers).
Pour l’heure, aucun vaccin n’a fini son développement. Fin juin, dix-sept étaient au stade d’essais cliniques, et 131 en phase préclinique.
« Le nombre de vaccins qui sera finalement commandé est encore inconnu, mais on s’attend à avoir plusieurs dizaines de millions de doses de vaccins (potentiellement correspondant à 2-5 produits différents) disponibles entre le dernier trimestre de l’année 2020 et le premier trimestre de 2021, qui pourraient être déployées s’il survient une seconde vague de Covid-19 », estiment les auteurs du rapport. Ils précisent les laboratoires avec lesquels des négociations sont signées ou en cours. Malgré l’urgence, ils appellent à la prudence : « Il est impératif de se donner le temps nécessaire à une évaluation rigoureuse tant de l’efficacité que de la sécurité des candidats vaccins avant leur utilisation à grande échelle. »

Construire l’adhésion de la population

De fait, pour accélérer l’évaluation des candidats aux vaccins, certains proposent par exemple des « challenges infectieux », qui consistent à infecter volontairement par le virus les participants aux essais, après l’injection vaccinale. Une stratégie à laquelle les membres du comité se disent défavorables, pour des raisons scientifiques et éthiques.
La question de l’efficacité se pose de façon particulièrement cruciale chez les personnes âgées. Cette population, qu’il faudrait cibler en priorité du fait de sa susceptibilité aux formes graves de Covid-19, risque d’être moins protégée par un vaccin, en raison du vieillissement du système immunitaire.
Enfin, le rapport juge essentielle la prise en charge financière intégrale par l’Assurance-maladie et avance des pistes pour construire l’adhésion de la population. Un défi, dans un pays miné depuis des décennies par la défiance à l’égard des vaccins.
Pour vaincre les réticences, et éviter l’échec de 2009 avec le vaccin contre la grippe pandémique anti-H1N1, il appelle à « une communication transparente sur les procédures ayant permis l’accélération de la mise sur le marché sans apparaître comme ayant été menée au détriment de la sécurité, sur les incertitudes et les fondements scientifiques des recommandations ».
La communication, souligne le rapport, « ne pourra que bénéficier d’une démarche participative, ouverte et transparente, de type “forum citoyen”, associant en particulier les associations de patients ». Jusqu’ici, dans cette crise sanitaire, on ne leur avait pas tellement demandé leur avis.

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