lundi 20 juillet 2020

Face aux risques liés à la méthadone, l'ANSM encourage la délivrance de naloxone

PAR 
BÉNÉDICTE GATIN
PUBLIÉ LE 20/07/2020

Crédit photo : GARO/PHANIE
« L’utilisation de la méthadone ne doit pas être banalisée en raison de sa toxicité propre, induisant un risque important de dépression respiratoire pouvant conduire au décès. » Alors que la prescription de ce traitement de la dépendance aux opioïdes est en hausse, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) rappelle les risques du produit et encourage la délivrance de kit de naloxone au patient sous méthadone.
8 fois plus de décès qu’avec la buprénorphine
Depuis plusieurs années, la méthadone est la première substance impliquée dans les décès d’usagers de drogues. En 2018, elle était directement impliquée dans 35 % des 464 décès rapportés dans l’étude DRAMES (Décès en Relation avec l’Abus de Médicaments Et de Substances), avec un taux de décès 8 fois plus élevé que pour la buprénorphine et 4,5 fois plus élevé qu’avec l’héroïne.

Par ailleurs, les données du PMSI montrent une augmentation des hospitalisations liées à la méthadone en France de 1 pour 1 000 000 en 2000 à 5,4 pour 1 000 000 en 2017.
En parallèle, « son usage détourné augmente », pointe l’ANSM, avec injection du produit, obtention illégale (don ou deal) et consommation en milieu festif, de manière occasionnelle, par des sujets naïfs aux opioïdes parfois mineurs, « avec des conséquences graves ». 
Des risques plus importants à l’initiation du traitement
dans ce contexte, l’ANSM incite les professionnels de santé et les structures médico-sociales prenant en charge les usagers de drogues à s’assurer que les patients, les patients et leur entourage, connaissent les risques d’overdose et de décès liés à la méthadone. Ce risque est plus important chez un sujet ne consommant pas ou peu d’opioïdes (dose létale 1 mg/kg), à l’initiation du traitement, après un arrêt même court ou une diminution des doses (sortie de prison, sortie de sevrage).
L’agence du médicament rappelle par ailleurs l’intérêt pour les patients et leur entourage de disposer sur soi d’un kit de naloxone prête à l’emploi facilement utilisable en l’absence d’un professionnel de santé. Cet antidote des overdoses aux opioïdes, peut être prescrit par tout médecin et délivrée en pharmacie même sans ordonnance.
Débat autour de la primo-prescription par les généralistes
La prescription initiale de méthadone reste en revanche réservée aux médecins exerçants en CSAPA (Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie) ou en milieu hospitalier pour le sirop, et aux médecins exerçant en CSAPA ou service d’addictologie pour la gélule.
Depuis 2012, plusieurs généralistes impliqués dans le suivi des patients dépendants des opiacés et rassemblés au sein du groupe MG Addictions, réclament pourtant l’élargissement de la primo-prescription aux médecins de ville sous certaines conditions. Mais cette demande a été une nouvelle fois écartée par l’ANSM.
Début 2020, le comité scientifique permanent « psychotropes, stupéfiants et addictions » de l’agence s’est en effet prononcé contre une telle évolution, certains experts craignant notamment que l’augmentation de l’accessibilité de la méthadone ne s’accompagnent d’une augmentation des complications sanitaires graves et des décès.

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