lundi 15 juin 2020

Voir l’avenir au cœur de la crise : vers un renforcement des services de santé mentale

Chronique de Palestine

8 juin 2020

Courtezy: Dr Samah Jabr
Dr Samah Jabr

La pandémie du COVID-19 a semé les graines d’une crise de la santé mentale dans le monde entier ; en Palestine, elle met en évidence les défis qui déjà existaient dans le domaine de la santé mentale.
Bien que les Palestiniens aient survécu à des épisodes antérieurs d’anxiété collective, de restriction des libertés, d’incertitude et de deuils, la pandémie dévoile au grand jour un système de santé mentale de tout temps négligé et qui est actuellement confronté à une double épreuve : celle du COVID-19 et celle de l’occupation israélienne. Pourtant, cette crise peut être exploitée comme une opportunité pour corriger les erreurs faites et plaider pour un renforcement du système de santé mentale en Palestine.
Il a été dit que, parmi les pays de l’Est de la Méditerranée, le pays présentant la plus grande charge de morbidité due à la maladie mentale est la Palestine.[1] La maladie mentale est l’un des défis de santé publique les plus importants en Palestine en raison du contexte chronique d’occupation chronique et de l’exposition à la violence (OMS, 2019). [2] Les angoisses et les craintes de faire face à une pandémie s’ajoutent maintenant aux vulnérabilités préexistantes. Le besoin de services de santé mentale devrait augmenter car les facteurs de stress, tels que l’isolement social, les appréhensions liées à la santé et la perte de son emploi et de revenus, exercent une pression de plus sur les personnes, aggravant parfois la violence domestique.
Les personnes atteintes de maladies chroniques, en particulier les patients psychiatriques, sont confrontées à des défis supplémentaires. Parmi les premiers patients touchés, on trouve des toxicomanes qui cherchent à se réadapter au Centre National de Réhabilitation Palestinien de Bethléem. Leur traitement a été interrompu afin de pouvoir convertir l’établissement en centre de traitement des malades atteints du coronavirus. Nous savons déjà que certains d’entre eux ont rechuté, d’autres ont tenté de se suicider et d’autres encore ont été emprisonnés pendant la pandémie.
Des services gouvernementaux externes [type ambulatoire] sont offerts dans chaque district de Cisjordanie par quatorze centres de santé mentale communautaires. Les statistiques de 2019 indiquent qu’environ 3000 nouveaux patients et 92 000 interventions ont été observés l’année dernière. Pourtant, moins de 2% des employés et 2% du budget sont investis dans la santé mentale dans le secteur gouvernemental. Les organisations non-gouvernementales, omniprésentes dans le domaine de la santé mentale, offrent des services psychosociaux et de conseil.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire