lundi 15 juin 2020

Otto Gross, le rebelle affolé (Viabilités psychanalytiques en perspective 5)

AgoraVox le média citoyen

par Mervis Nocteau (son site)
lundi 15 juin 2020


L' « enfant terrible » (1) de la psychanalyse (2), c'est Otto Gross. Né dans une famille riche qui l'a surprotégé et a désiré « le bien placer dans la vie », Otto Gross est quelque part materné par son père dépresseur et adulé jusqu'à l'éploration par sa mère dépresseuse (parce que mise sur la touche alors, dans l'ambiance patriarcale attaquée par son fils – ambiance pourtant transgenrée déjà au début du XXème siècle) (3) …
Ce climat d'enfance le poursuivit jusqu'à sa jeune mort en 1920, à l'âge de 43 ans : c'était ce qu'on nommerait aujourd'hui un junkie, qui contracta une pneumonie irréversible, vue la qualité des soins d'époque certes, mais aussi de sa précarisation et de sa fragilisation toxicomaniaque.
Ses collègues psychanalystes et psychiatres (FreudJung … ) ont vu en lui un psychotique ordinaire, pourtant prodige dans ses essais. Malheureusement, leurs velléités d'internement (commanditées par ses parents et escomptées par eux aussi) n'eurent pour effet que de l'affoler toujours plus, et de le confirmer dans sa rébellion, car c'était un aspirant révolutionnaire bohème (4). Il s'échappa des milieux institutionnels comme il fuit la surprotection familiale.
On ne peut pas dire que ce fut malin de la part des responsables, et que cela tend à donner raison à l'antipsychiatrie (alors que la psychiatrie a ses raisons). Mais Freud le psychanalyste fut très perplexe à l'égard des méthodes de Jung le psychiatre, qui eut la charge d'Otto Gross dans ses services hospitaliers ; pragmatique toutefois, Freud préférait garder Gross dans le giron psychanalytique, hélas … Et au fond, Jung aura été jaloux et zélateur à l'égard du prodige freudien, à s'avérer salement bourgeois comme les parents Gross. De quoi rendre « parano », en effet …



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