jeudi 21 mai 2020

Mon fils autiste de 30 ans est confiné dans un CHSLD pendant la pandémie

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QUEBEC

Par Mylène Le Breux, Collaboration spéciale pour HuffPost
21/05/2020


Il manque tellement de ressources pour les adultes autistes et vivant avec une déficience intellectuelle. Si j'avais eu ce qu’il faut pour garder mon fils, je l'aurais fait.


Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.
Mon fils Samuel est autiste et il a une déficience intellectuelle. Il a 30 ans, mais a environ deux ou trois ans d’âge mental. Il n’a aucune once d’agressivité, il est très colleux et très gentil. Dès qu’il est bien avec quelqu’un, il va se coller. C’est un autiste dépendant, ce qui est très rare. Tous les éducateurs et tous ceux qui ont travaillé avec Samuel sont tombés en amour avec lui.
COURTOISIE/MYLÈNE LE BREUX
Je lui ai appris à dire «Ça va bien aller». Il est capable, je suis contente!
À partir de 21 ans, il n’y a plus de services pour les autistes. Je suis seule et à un moment donné, je ne pouvais plus m’arranger dans mon horaire pour être capable de le garder à la maison. Ça a été difficile, mais j’ai décidé de le placer en famille d’accueil. J’avais le coeur gros, mais j’allais le voir tout le temps et le prenais avec moi presque toutes les fins de semaine. 
Samuel était en famille d’accueil depuis quatre ans. Il était dans une nouvelle famille depuis début décembre. En janvier, du jour au lendemain, ça a commencé à très mal aller. Il s’est mis à se taper la tête sur les murs, à se mordre, à se blesser. L’ambulance est venue le chercher.
À l’hôpital, ils lui ont donné de la médication pour qu’il puisse retourner dans sa famille d’accueil. La même chose est arrivée à trois reprises. La quatrième fois, je me suis fâchée: on ne peut pas faire ça tout le temps, le gaver de médicaments et le laisser partir. La psychiatre m’a dit: «Écoutez, ce n’est pas un centre d’hébergement ici.»
Des travailleurs sociaux sont intervenus, et finalement, Samuel a été gardé à l’hôpital, parce qu’il n’y avait pas d’endroit où le placer. Il a été mis à l’étage des chirurgies et pour le calmer, parce qu’il n’était vraiment pas lui-même, on lui donnait un trio de médicaments très fort qui est habituellement donné à ceux qui font une crise psychotique et qui fait en sorte que la personne va dormir pendant 24 heures. On lui donnait ça pour qu’il ne puisse pas déranger les autres. Au final, il arrivait quand même à se taper la tête sur les murs et à se mordre. Ça me faisait mal au coeur de le voir comme ça.

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