lundi 25 mai 2020

Entre directeurs et médecins, l'heure du changement sonne parfois différemment

Publié le 22/05/20


Une gouvernance hospitalière en pleine introspection, un directeur de l'AP-HP indéboulonnable, un petit hôpital qui souffre d'être resté à l'écart du Covid-19... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[Fait marquant] "L'opposition entre "médical" et "administratif" est une facilité rhétorique. Ce n'est pas la réalité des organisations hospitalières telles que nous les connaissons, et cela ne traduit pas l'engagement profond que nous partageons tous, en tant qu'hospitaliers." Dans une tribune anonyme parue dans Libération, dix-sept directeurs d'hôpital adjoints prennent la plume. À l'heure où s'ouvre le Ségur de la santé, "l'heure du changement a sonné", écrivent-ils : les hôpitaux "doivent désormais répondre aux besoins spécifiques à chaque territoire, revaloriser les rémunérations et garantir une prise de décision partagée entre administrateurs, médecins et soignants" (lire notre article et notre interview).


Toujours chez les directeurs d'hôpital, Le Monde propose un portrait de Martin Hirsch, qui aura passé cet automne un premier septennat à la tête de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). "Un paradoxe à lui tout seul" pour "un job horrible" pour ne pas dire "très ingrat". Mais l'intéressé ne semble pas décidé à partir (lire notre dossier). "Il y a quelques mois, je lui ai demandé s'il n'en avait pas marre, confie ainsi l'ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine (2012-2017). Il m'a répondu : "Je suis arrivé en me disant qu'il fallait que l'AP-HP se porte mieux à mon départ qu'à mon arrivée. Ce n'est pas le cas. Je suis orgueilleux, je veux y arriver"."

De son côté, et toujours dans Libération, le professeur de psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), Yves Clot, reprend la proposition du collectif interhôpitaux d'instituer "un droit de véto pour les médecins, les [...] paramédicaux et les usagers, au même titre que l'administration pour s'opposer quand c'est nécessaire aux décisions contraires à l'intérêt des patients". Ce "verrou du professionnalisme" permettrait de préserver la "souveraineté médicale reconquise" dans les hôpitaux à la faveur de la crise (lire notre article). Le tout sur fond de simplification administrative, appuie via les réseaux sociaux le Dr Thierry Godeau, président de la Conférence des présidents de commission médicale d'établissement de CH.


[Chiffre] 28,4. Soit le nombre en millions d'interventions chirurgicales reportées ou même pour certaines annulées à travers le monde en douze semaines de crise sanitaire. D'après une étude menée par le groupe CovidSurg Collaborative, portée en France par le CHU de Rennes (Ile-et-Vilaine) et publiée dans le British Journal of Surgery, chaque nouvelle semaine d'interruption des services hospitaliers entraîne 2,4 millions de nouvelles annulations. Le Covid-19 aurait annulé les trois quarts de la chirurgie programmée, soit 704 000 patients concernés en France, dont 83% pour la chirurgie bénigne, 32,4% pour la chirurgie carcinologique et 20,5% en obstétrique, souligne 20 Minutes.

[Dans la presse] En France, tous les hôpitaux n'ont pas été logés à la même enseigne face au coronavirus, ce qui d'ailleurs n'est pas sans susciter certaines crispations sur le versement de la prime Covid-19, son montant fluctuant selon le degré de mobilisation (lire notre article). Il en va ainsi au CH de Die (Drôme), où "la vague n'est jamais arrivée mais les tensions si", note Le Monde. Dans ce petit hôpital, ce n'est pas la pénurie de soignants qui a posé problème mais un certain trop plein. "On a fonctionné pendant quinze jours avec une équipe pour 18 places Covid-19 mais il n'y en a jamais eu 18, témoigne l'un d'eux. Du coup, il y avait du personnel en trop." D'où un sentiment d'inutilité chez certains. Alors que des hôpitaux voisins frôlaient la saturation, "on ne va même pas les aider, on est peinard, résume une soignante. J'ai eu honte."

[International] Panique à Downing Street et rétropédalage en tout juste 24 heures le 21 mai. Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a renoncé à taxer l'accès aux soins des personnels de santé étranger, une mesure jugée "méchante et mesquine" en pleine crise de coronavirus, relate Le Monde. Le chef de file des conservateurs souhaitait porter de 447 à 697 euros le montant de la "surcharge", cette taxe exigée à tout résident non européen pour accéder aux soins. Or cela touchait également les soignants, en première ligne face au Covid-19 (lire ici et  nos articles) : 13% des employés du National Health Service (NHS) ne sont pas anglais, 17% dans les maisons de retraite. La plupart sont employés au salaire minimum et sous contrats précaires.

Thomas Quéguiner

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