Les associations le craignaient : le confinement est propice à l’exacerbation des violences intrafamiliales. Plusieurs d'entre elles redoutent le déconfinement et la découverte de violences jusque-là invisibles.
Les plaintes pour violences intrafamiliales ont diminué de près de 39% depuis le 16 mars, estimait le ministre de l’Intérieur, le 14 avril dernier sur France Inter. Toujours depuis le début du confinement, les interventions à domicile des forces de l’ordre ont par ailleurs augmenté de 48%, a précisé Christophe Castaner le 16 avril devant la commission des lois du Sénat. Plusieurs associations enregistrent elles une hausse des appels émanant souvent de femmes victimes de violences au sein du couple, d’enfants victimes ou de voisins inquiets.
C’est le cas dans les Landes, affirme Ilazki Ortego, juriste au CIDFF (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles) de ce département. "Les femmes qu’on suivait déjà ont eu besoin d’un suivi renforcé à cause du confinement et de nouvelles demandes apparaissent aussi", explique-t-elle. Beaucoup appellent pour obtenir des informations sur l’hébergement d’urgence et la mise à l’abri. En plus d’assurer une permanence téléphonique (confinement oblige), les membres du centre d'information se déplacent lorsque cela est nécessaire. "C’est vraiment très exceptionnel, ajoute-t-elle. Depuis le début du confinement, on a accompagné deux femmes vers la plainte : elles voulaient porter plainte mais n’y arrivaient pas seules. Nous sommes aussi allés cinq fois au tribunal pour l’attribution de 'téléphones grave danger'."
De plus en plus de sollicitations
"Le bilan est malheureusement celui que nous avons craint", confirme Annie Guilberteau, directrice générale du Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF). "C’est un terreau favorable aux violences psychologiques et physiques. Les instants d’intimité se font rares, surtout quand on habite un petit appartement. Au plan national, on a eu une augmentation significative des chiffres, _on s’y attendait_." D’après une étude de la fédération nationale des CIDFF consacrée à l’impact du confinement sur les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles (et suivies par les CIDFF), la très grande majorité des appels téléphoniques reçus par les centres concerne des violences au sein du couple (71% des violences signalées). Les violences au sein de la famille concernent près d'un quart des faits évoqués.
L’Enfant Bleu, qui lutte contre la maltraitance des enfants, est aussi de plus en plus sollicité. Parmi les coups de fil reçus par les écoutants bénévoles, dont l’équipe s’agrandit de jour en jour, figurent "essentiellement des appels pour des violences physiques et psychologiques", selon la présidente de l’association Isabelle Debré. "La première semaine c’était la sidération, la deuxième c’était l’organisation. Depuis, les appels sont de plus en plus importants", remarque également Martine Brousse, présidente quant à elle de La Voix de L’Enfant. "Il y a une _vigilance de la part des voisins qui est plus grande_. La campagne lancée par le gouvernement a eu un impact. Plus on fait de prévention maintenant, plus c’est dissuasif." Une observation faite également par le CIDFF des Landes qui reçoit plus fréquemment que d’ordinaire des signalements de la part de tierces personnes, dont les voisins.
Chiffre très inquiétant révélé hier par le JDD, le numéro d'alerte 119 pour les enfants maltraités a enregistré la semaine dernière un bond de 80% des appels par rapport à une période non confinée.
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