jeudi 2 avril 2020

Un groupe ressource Psy/Covid-19 est créé pour soutenir les établissements

Publié le 01/04/20

La Conférence des présidents de CME de CHS a mis en place un groupe ressource pour réaliser régulièrement un état actualisé de la situation de la psychiatrie dans le contexte épidémique et contribuer à élaborer des orientations stratégiques. Des outils sont disponibles. L'ambition est aussi de sensibiliser les pouvoirs publics.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.
Les CH spécialisés traversent la crise sanitaire en adaptant leurs organisations. Un groupe ressource peut désormais les épauler.

Depuis le début de la crise sanitaire, des unités de psychiatrie dédiées aux malades du Covid-19 sont créées partout en France et les organisations au sein des établissements publics de santé mentale s'adaptent. Derniers en date, par exemple, l'établissement public de santé mentale départemental de l'Aisne, le CH Charles-Perrens de Bordeaux (Gironde) ou encore le CH Henri-Laborit de Poitiers (Vienne). Des initiatives organisationnelles qui s'ajoutent à une liste déjà fournie. Cette mobilisation a d'ailleurs été saluée par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) le 27 mars (lire notre dossier).

Appel à la vigilance

La Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie (Fnapsy), la Conférence nationale des présidents de commissions médicales d'établissement de CHS et l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapés psychiques (Unafam) en appellent à la vigilance, dans un communiqué commun daté du 28 mars. Représentants des patients, familles et professionnels de la psychiatrie en France rappellent en effet que les personnes souffrant de troubles ou de handicap psychique ne doivent pas être les laissés pour compte dans le contexte de l'épidémie de Covid-19. "Nous serons vigilants à ce que les discours de déstigmatisation et les préoccupations éthiques ne soient oubliés à la vitesse de propagation du virus, et qu'aucune discrimination ne vienne porter atteinte à leurs droits et à leur accès aux soins quels qu'ils soient, ambulatoires ou hospitaliers, psychiatriques ou somatiques", soulignent-ils notamment.

Pour centraliser et épauler ces initiatives, la Conférence des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de CHS a installé le 24 mars un groupe ressource Psy/Covid-19. "La situation de crise sanitaire inédite actuelle oblige les psychiatres des établissements publics monodisciplinaires à une vigilance accrue concernant les patients pris en charge en psychiatrie au regard de leur vulnérabilité particulière. En effet, cette vulnérabilité psychique et physique confronte les patients suivis en psychiatrie à un haut risque d'être victimes de la pandémie. Ses conséquences possiblement dommageables pour chaque situation individuelle doivent donc être anticipées", décrit la conférence.

Un état actualisé de la situation

Ce groupe ressource a ainsi vocation à réaliser régulièrement un état actualisé de la situation pour l’ensemble des régions et au niveau national, de contribuer avec les acteurs concernés à élaborer des orientations stratégiques, orientations à prendre souvent dans des délais très brefs, poursuit-elle. Les fréquentes réorganisations témoignent à son sens de la prise en compte des situations locales et doivent se faire dans un dialogue permanent avec les partenaires des territoires de santé mentale.

L'autre ambition de ce groupe est de faire remonter aux pouvoirs publics toute difficulté relative aux situations des patients et de leurs proches mais aussi des équipes médicales dans le contexte épidémique actuel. Ce groupe ressource, placé sous la responsabilité du Dr Christian Müller, président de la conférence et coordonné par le Dr Christophe Schmitt, est en lien avec le bureau et les responsables régionaux de la conférence. Il agit également en relation avec les autres acteurs du champ médical, médico-social et social.

Une boîte à outils

À peine créé, le centre a mis à disposition du secteur des outils pour aider les établissements et professionnels dans le contexte épidémique. Il livre ainsi une check-list pour l'analyse de cas suspects de Covid-19, à destination des infirmiers, internes, psychiatres et généralistes. Un document synthétise aussi les principes généraux de la mise en place d'une unité Psy/Covid-19 au sein d'un EPSM. Ce document est présenté comme évolutif. Il constitue "une aide à la réflexion" et propose un cadre d'organisation général et adaptable selon la configuration locale de l'établissement et notamment des moyens dont il dispose. À noter également que la Haute Autorité de santé (HAS) devrait elle aussi publier prochainement des recommandations sur le sujet.

Enfin, plusieurs thématiques de travail prioritaires ont été identifiées par la conférence, avec un référent désigné par thématique. Ces thématiques sont : les unités Psy/Covid-19 ; la psychiatrie infanto-juvénile ; les droits des patients, soins sans consentement et éthique médicale ; les risques infectieux ; la pharmacie ; la prise en charge psychiatrique du sujet âgé ; la médecine polyvalente et les soins somatiques ; la psychiatrie pénitentiaire ; l'unité pour malades difficiles (UMD) ; et enfin l'outre-mer.

La nécessité d'une gouvernance de crise

"Les cosignataires veulent dire leur mobilisation pleine et entière pour faire face à la crise sanitaire du Covid-19." Dans un communiqué daté du 20 mars, une vingtaine d'organisations syndicales, associations, conférences et fédérations prennent la parole pour saluer "le professionnalisme des équipes de psychiatrie qui assurent continuité et proximité des soins dans des conditions rendues très difficiles par la gravité du contexte auprès des patients les plus vulnérables pour lesquels le climat et les mesures de confinement anxiogènes sont autant de facteurs de risque de décompensation de leur état de santé psychique". Elles déplorent toutefois les "insuffisances", concernant l'indisponibilité des matériels de protection pour ces professionnels et demandent des directives nationales qui veillent à intégrer les enjeux particuliers auxquels sont confrontés patients proches et professionnels au regard des vulnérabilités propres aux troubles psychiques. Ces directives, complètent-elles, doivent aussi prendre en compte les fortes contraintes relatives à la maladie mentale et du handicap psychique. Les cosignataires demandent en conséquence une gouvernance de crise en phase avec les réalités de terrain de psychiatrie et ce de façon structurelle.
Liens et documents associés

Clémence Nayrac




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