lundi 13 avril 2020

TEMOIGNAGE - Coronavirus: “On ne veut pas des mercis, on veut des pardons”, Christian Prud'homme, infirmier à Strasbourg

France 3 Grand Est — Wikipédia

Par Cécile Poure Publié le 12/04/2020
Christian Prud'homme à gauche de l'image, secrétaire FO et infirmier anesthésiste / © Christian Prud'homme
Christian Prud'homme est infirmier anesthésiste à l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg. Il y est surtout secrétaire général FO. Avec le covid19, il a momentanément abandonné ses fonctions nationales pour aider ses collègues en salle de réveil. Portrait d'un militant en première ligne. 

Son nom est déjà une promesse. Etre secrétaire national santé FO, secrétaire général aux HUS (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) et s'appeler Prud'homme, ça ne s'invente pas. C'est de la prédestination. Quand j'appelle Christian, au moins, c'est clair, je sais à quoi m'attendre. Un soignant engagé. Enragé, peut-être même, vu les circonstances. Quand il décroche, sa voix est grave mais pas grosse. Grave, comme le constat qu'il fait de l'hôpital public en France.

Blouse blanche et drapeaux rouges


A 46 ans, Christian Prud'homme cumule les casquettes syndicales. Il n'a pourtant pas la grosse tête, je peux vous l'assurer. Sécrétaire général FO aux HUS, secrétaire régional, et depuis trois ans, secrétaire national FO santé à temps plein. "Je suis devenu militant quand j'ai vu les conditions de travail de mes collègues. Les inégalités criantes, les problèmes de sécurité. Moi, j'ai toujours été révolté par l'injustice. Je voulais protéger mes collègues et l'hôpital public. Ne serait-ce que pour conserver nos acquis. Une lutte de tous les jours."


Une lutte qui lui a fait quitter ses fonctions d'infirmier anesthésiste il y a trois ans. "Je ne pouvais plus tout faire. Mais ça me manquait, le côté soins, technique de mon métier premier." Manquait car Christian a repris du service le 15 mars dernier pour aider ses collègues submergés par la vague covid19. "Pas en réanimation, car j'ai eu peur d'avoir perdu la main mais je travaille en salle de réveil. En chirurgie. Je me suis porté volontaire quand j'ai vu qu'à partir du 11 mars, le nombre de malades à Strasbourg doublait tous les quatre jours. Je me suis dit que ça allait être très compliqué. Déjà en janvier j'avais tiré la sonnette d'alarme, j'étais inquiet sur les capacités de l'hôpital. J'étais juste réaliste. Je ne pouvais pas ne pas y aller."

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