jeudi 30 avril 2020

Images, masques et visages. Production et consommation des cosmétiques à Paris sous l'Ancien Régime


D
es visages des Temps modernes, de leurs peaux, de leurs couleurs, des soins et des ornements divers dont ils ont été l’objet, que savons-nous ? Tout et rien [1]. Au reste, un tel questionnement interroge d’abord la vérité des représentations qui nous ont été transmises et qui sont encore très largement les nôtres.

Quelles qu’elles soient cependant, portraits peints et littéraires pour l’essentiel, ces représentations ont bien souvent contribué à ne donner de ces visages et de leurs parures que d’incomplètes ou trop caricaturales images. Certains travaux par ailleurs, trop exclusivement fondés sur l’exploitation de sources descriptives ou publicitaires, ont participé à en assurer la pérennité [2]. Dans de nombreux cas, l’historien semble prisonnier de discours reconstruits a posteriori et ne peut espérer s’en dégager qu’en portant en amont son regard [3]. Le concept de « technique du corps », tel que Marcel Mauss l’a défini dès 1934, constitue à cet effet un outil précieux car il invite à embrasser les pratiques concrètes dont le visage est le récepteur aussi bien que les intentions sociales qui les sous-tendent [4]. Plus récemment, les recherches qui portent sur l’histoire de la culture matérielle et sur la consommation sont parfois allées dans ce sens [5]. La matérialité des objets interagit profondément avec les manières de les posséder, de s’en servir, de penser leurs usages, avec la construction des normes et celle des goûts [6]. Ainsi, il existe dans la France moderne une culture des apparences spécifique et changeante que seule une approche historiographique décloisonnée a pu mettre en évidence, dans le domaine du vêtement par exemple.

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