samedi 21 mars 2020

Coronavirus : la rhétorique à l’épreuve de l’incohérence et de l’impréparation




Paris, le samedi 21 mars 2020 – Parmi les images d’Epinal attachées à la France, notre amour du verbe est souvent rappelé. L’appréhension de la crise par le Président de la République ce lundi soir, à l’heure de l’annonce de la mise en place de mesures de confinement dans l’ensemble du pays, en est une nouvelle preuve. Emmanuel Macron a en effet abondamment utilisé la métaphore guerrière à la fois pour décrire la gravité de la situation, mais aussi pour exhorter les Français à la mobilisation nationale. Ce discours a été l’objet d’innombrables commentaires et analyses.

Guillaume Grignard (chercheur en sciences politiques, Université Libre de Bruxelles) et Louise Knops (Doctorante en Sciences politiques, Vrije Universiteit, Bruxelles) ont notamment convoqué les travaux réalisés par l’historienne Anne Morelli sur la propagande de guerre pour décrypter les paroles d’Emmanuel Macron. « Parmi les dix principes identifiés, plusieurs peuvent être mobilisés pour analyser le discours du Président de la République. Principe n°3 : « L’ennemi a le visage du diable » est un concept qui permet d’éclairer le discours anxiogène à propos du coronavirus. Emmanuel Macron parlait d’un ennemi furtif et sournois qui est là un peu partout : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes, nous ne luttons ni contre une armée, ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, qui progresse ». (…) Principe n°9 « notre cause a un caractère sacré ».

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