lundi 23 mars 2020

Charge mentale des femmes : la sexualité aussi !

Devoir conjugal, contraception, injonctions esthétiques… le sexe, comme les tâches domestiques, n’échappe pas aux inégalités de genre, explique la chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette.

CHRONIQUE  Maïa MAZAURETTE

Publié le 21 mars 2020 

MAÏA MAZAURETTE
Cette période de confinement va-t-elle modifier notre rapport à l’espace domestique ? Très certainement. Entre deux cours de fitness en ligne (« musclez-moi ce plancher pelvien, bande de flemmasses »), certains découvriront sans doute les délices de la charge mentale, cette liste interminable de tâches à accomplir et d’inventaires à surveiller, dont les contraintes pèsent très majoritairement sur les épaules des femmes. Pour ceux qui découvrent le concept, la charge mentale consiste à penser à acheter du papier-toilette hors des périodes de pandémie.
Cette gestion du quotidien comprend-elle une charge sexuelle ? C’est l’argument avancé par les journalistes et militantes féministes Clémentine Gallot et Caroline Michel, dans un essai à paraître le mois prochain (La Charge sexuelle. Pourquoi la sexualité est l’autre charge mentale des femmes, First Editions).
Du devoir conjugal à l’épilation du sillon interfessier, ce « labeur sexuel invisible » rassemblerait des préoccupations sanitaires (s’occuper de la contraception, et souvent du préservatif), émotionnelles (la simulation, à considérer comme un « service affectif »), techniques (acheter des sextoys, prodiguer de formidables fellations, être expérimentée « mais pas trop », exprimer des orgasmes, de préférence synchrones et multiples), fantasmatiques (se renseigner sur la sodomie ou l’éjaculation féminine, accepter des expériences sexuelles tournées vers les fantasmes masculins), ou même virtuelles (se protéger du revenge porn, envoyer des photos dénudées… mais aussi recevoir des photos de pénis non sollicitées).
A quoi il faut évidemment ajouter des injonctions esthétiques (acheter de la lingerie, ne pas grossir, ne pas vieillir, éradiquer sa pilosité, plaire à son homme mais jamais aux autres hommes). Ce devoir de « bonne présentation » peut passer par des investissements financiers inutiles (savons, infusions et cristaux pour vagin), mais aussi par des opérations douloureuses (chirurgie de la vulve, « point du mari » pour resserrer le vagin après un accouchement).
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