samedi 22 février 2020

Pour la planète, l’indispensable réduction des inégalités

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par  Jean-Baptiste Veyrieras   21.02.2020


L'économiste Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, livre un diagnostic sans appel sur la privatisation du monde et ses méfaits pour l’environnement, et renouvelle le concept des biens communs.
Cet article a été publié dans le n° 7 de la revue Carnets de science, en vente en librairie.
Plusieurs études ont souligné ces dernières années le lien entre inégalités économiques et environnement. En résumé, plus les inégalités sont élevées, plus une société produit de déchets, de pollution ou émet du C02. Pour votre part, quel lien faites-vous entre les deux ?

Gaël Giraud1 : Je partage en partie ces analyses, à quelques nuances près. Il est exact que les émissions de C02 atmosphérique reflètent directement les inégalités économiques entre pays. Pour une raison simple : les personnes bénéficiant des revenus annuels les plus élevés sont celles qui émettent le plus de C02 par an. Un citoyen américain émet, par exemple, en moyenne chaque année, plus de 15 tonnes (t) de C02, un Français environ 5 t quand un Tchadien émet moins de 2 t. Cette tendance s’observe également au sein de chaque pays : les émissions de CO2 augmentent avec le revenu et ce, même si les personnes les plus aisées peuvent s’offrir des modes de consommation plus respectueux de l’environnement.
Pour faire converger vers zéro les émissions nettes de C02 (...), il faut transformer en profondeur et collectivement les infrastructures dont nous dépendons.

Mais cette corrélation entre inégalités et pollution ne peut pas être comprise comme un lien de cause à effet. Supposons que nous décidions de partager les revenus mondiaux entre tous les habitants de la planète sans rien changer à nos modes de vie. Même si, demain, tous les humains percevaient le revenu moyen d’un Terrien, de sorte que la société mondiale serait parfaitement égalitaire, la réduction des émissions de CO2 serait négligeable – la hausse des émissions des habitants modestes compensant la baisse des plus favorisés. Ce n’est donc pas la redistribution économique qui importe, au premier ordre, mais nos modes de vie et le nécessaire apprentissage par tous de la sobriété.
D’après la société Carbone 4, changer nos comportements individuels pourrait permettre de réduire jusqu’à 25 % notre empreinte carbone en l’état, 30 % pour les plus ascétiques d’entre nous. Pour faire converger vers zéro les émissions nettes de C02, et conserver quelque chance de ne pas trop nous éloigner de l’objectif de 2 °C de l’Accord de Paris, il faut transformer en profondeur et collectivement les infrastructures dont nous dépendons.

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