lundi 3 février 2020

Ouverture de l'AMP à toutes les femmes : les CECOS appellent à encourager le don de sperme

PAR 
COLINE GARRÉ -  
PUBLIÉ LE 03/02/2020




Crédit photo : S. Toubon
« C'est une révolution, un défi auquel il faut s'adapter », reconnaît la Pr Catherine Metzler-Guillemain, responsable du service de Biologie de la Reproduction - CECOS à l’Hôpital de la Conception (AP-HM, Marseille), en évoquant l'ouverture de l'assistance médicale à la procréation (AMP) aux couples de femmes et aux femmes seules, à l'occasion du Congrès Pari(s) Santé femmes, qui s'est tenu sous l'égide du Collège national des gynécologues et obstétriciens français du 29 au 31 janvier. 
Repoussant panique et idéologie, la cheffe de service se veut pragmatique face aux modifications apportées par la troisième révision des lois de bioéthique depuis 1994. « Il faut renforcer l'activité du don de spermatozoïde », exhorte-t-elle.

Une demande difficile à anticiper 
Combien de femmes supplémentaires auront recours à un don de sperme ? 2 000 a calculé le gouvernement dans son étude d'impact, chiffrant de 10 à 15 millions supplémentaires le coût de l'ouverture de l'AMP (qui s'élève aujourd'hui à 300 millions d'euros). Selon « La Croix », au moins 2 400 femmes françaises se rendent chaque année en Belgique et en Espagne pour un don de gamètes. Cela pourrait présager une multiplication des demandes par deux voire trois en donnant un signal favorable à celles qui n'osent pas ou n'ont pas les moyens de se lancer dans un tel parcours, lit-on dans le quotidien. 
Aujourd'hui, environ 2 000 couples hétérosexuels effectuent chaque année au moins une tentative d'AMP avec don de spermatozoïdes. En face, 400 hommes donnent leur sperme chaque année depuis 2016 (selon les derniers chiffres de l'Agence de la biomédecine). « Soit une augmentation de 40 % par rapport à 2014 et 2015 », où environ 250 donneurs étaient recensés, note la Pr Metzler-Guillemain - à noter, depuis 2015, les nullipares peuvent aussi donner leurs gamètes. Répondre aux demandes des couples de femmes et femmes seules suppose «plus de 400 donneurs. Mais il n'en faut pas des milliers non plus », temporise la biologiste. 
Campagnes de sensibilisation et création de centres de don 
Selon la responsable de CECOS, des campagnes répétées au niveau national et local doivent sensibiliser les éventuels candidats au don - soit une cible de 11 millions d'hommes âgés de 18 à 44 ans. 
La Pr Metzler-Guillemain plaide aussi pour la création de centres dédiés au don avec de multiples missions : accueil des donneurs, réponses aux questions des anciens donneurs, receveurs et personnes nées de don, prise en charge des receveurs, suivi des parents et des enfants, sensibilisation des familles à l'important d'informer les enfants - surtout si la loi autorise l'accès aux origines - évaluation de l'adéquation entre l'offre et la demande, échanges avec l'Agence de la biomédecine, promotion du don. « Il faut une équipe de coordination du don » ajoute-t-elle. 
En outre, l'instauration du nouveau régime dans lequel il sera possible pour un enfant issu du don d'avoir accès aux données non identifiantes ou à l'identité du donneur à sa majorité, devra être progressive. « Le décret à partir duquel les paillettes distribuées devront être celles de donneurs ayant consenti au nouveau régime devra sortir quand nous aurons suffisamment de paillettes dans les centres », alerte la Pr Metzler-Guillemain. 
S'ils restent des inconnues, comme les conséquences que peut avoir la possibilité d'un accès aux origines sur le don, les CECOS tiennent au modèle Français du don bénévole et gratuit. « Dans tous les cas, nous souhaitons pouvoir répondre à la demande des couples, dans des délais raisonnables, et ne pas en arriver à devoir importer du sperme de l'étranger » a assuré la responsable du centre marseillais. 
La première étude nationale sur l'information des personnes nées d'un don cherche participants  
L'Assistance-Publique Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et le Centre Norbert Elias ont lancé en 2019 la première étude sur les pratiques d'information dans le recours au don de gamètes, financée par l'ABM. L'étude se poursuit jusqu'à fin mars et les investigateurs recherchent de nouveaux participants, enfants nés de don et parents d'enfants conçus par don. L'objectif est double « esquisser de grandes tendances concernant le partage de l'information sur le recours au don dans les familles et comprendre les motivations s des choix parentaux et le vécu des personnes nées de don quant à cette information », explique la responsable Pr Metzler-Guillemain. 

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