samedi 22 février 2020

Le bal des folles de la Salpêtrière (1/2) Le corps exhibé

UNE HISTOIRE PARTICULIÈRE, UN RÉCIT DOCUMENTAIRE EN DEUX PARTIES
15/02/2020
28 MIN

L’hôpital de la Salpêtrière, qui n’accueillait que des femmes jusqu’en 1968, organisait au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe un bal de la mi-carême nommé "bal des folles". Mais y voyait-on vraiment des femmes faire les folles ?
Gravure extraite du journal hebdomadaire "L'Univers illustré", Paris, 17 mars 1888
Gravure extraite du journal hebdomadaire "L'Univers illustré", Paris, 17 mars 1888 Crédits : Wikipédia
A l’hôpital comme au dehors, le temps est scandé par des célébrations : on fête Noël, le Nouvel An, et le carnaval de la mi-carême. L’hôpital de la Salpêtrière, accueillant exclusivement des femmes jusqu’en 1968, organisait au XIXe siècle et jusqu’au début du XXe un bal de la mi-carême auquel étaient conviées quelques personnes de la bonne société parisienne. La curiosité et l’excitation que manifestaient les journalistes pour cet événement, qui pourtant n’était pas inédit, sont aiguisées lorsque Charcot, directeur du service des aliénées, gagne en célébrité. On le connaît bien au-delà des cercles médicaux. Parce qu’il soigne des hystériques qui se contorsionnent, ce bal est appelé « Le Bal des folles ».  Mais y voit-on vraiment des femmes faire les folles ? 

1er épisode : Le bal des folles, le corps exhibé

C’est la presse parisienne, Le Monde illustré et Le Parisien illustré – et non pas Charcot, ni même l’administration de la Salpêtrière – qui surnomme dans les années 1880 cet événement « le bal des folles ». La soirée, organisée dans l’hospice de La Salpêtrière (c’est ainsi que s’appelle cet hôpital à partir de 1885) réunit les épileptiques, celles que l’on appelle alors les « hystériques », et des invités parisiens triés sur le volet. Ils espèrent frissonner au contact de ces pensionnaires qui, dit-on, ignorent tout des limites. Peut-être assisteront-ils à des gestes obscènes de la part de ces femmes dont le corps exprime le mal-être de façon théâtrale ? Le célèbre médecin exhibait déjà ses patientes tous les vendredis lors de ses séances d’hypnose publiques.
Ce qui a changé pour l’hystérie dans les années 1880 c’est qu’on en a fait une maladie nerveuse, essentiellement (…) L’hystérie, comme l’étymologie l’indique, on pensait que cela venait de l’utérus. Ce que vont apporter Charcot ainsi que ses disciples c’est l’idée que cela ne se situe pas au niveau de l’utérus mais au niveau nerveux, du cerveau et des nerfs. Aude Fauvel
Démonstration d'hypnose sur une femme atteinte d'hystérie par le neurologue Jean-Martin Charcot, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en 1885
Démonstration d'hypnose sur une femme atteinte d'hystérie par le neurologue Jean-Martin Charcot, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, en 1885 Crédits : Getty

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