lundi 3 février 2020

En Chine, des expatriés touchés par la dépression

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Isolement, frustrations, stress… En Chine, les expatriés sont souvent guettés par la dépression. Si le problème n’est pas nouveau, il s’aggrave à mesure qu’il devient plus difficile de se faire une place dans la société chinoise en mutation.

Les étrangers quittent la Chine. Le jadis enchanteur Empire du milieu a perdu quelque peu de son charme qui lui permettait d’attirer tant d’expatriés. Ceux-ci sont désormais plutôt enclins à rentrer chez eux ou à choisir une autre destination. Parmi les raisons de ce choix figurent les problèmes de dépression qui touchent certains expatriés.
En 2018, le nombre d’étrangers à Nankin frôlait les 19 000 personnes, selon les données du département en charge de la population entrante et sortante au Bureau de la sécurité publique de Nankin, mais aujourd’hui, il est plus proche de 16 000.
Dans l’intervalle, la Chine a beaucoup changé, encore une fois. La grande différence est qu’il est de nos jours beaucoup plus difficile de faire des affaires en Chine. Ce n’est d’ailleurs pas seulement vrai pour les expatriés, c’est un phénomène général.

La difficile adaptation culturelle

Il n’en reste pas moins que les étrangers en Chine se trouvent dans une situation un peu particulière. Nous sommes régulièrement pris en photos par les Chinois. On s’entend aussi souvent dire qu’on est trop vieux, trop gros ou que notre peau est trop foncée – et cela peut laisser des traces ! Comme le souligne l’auteure du blog Life Behind the Wall [Ma vie derrière le mur] qui habite à Hangzhou, “avoir à faire face à ce genre de choses chaque fois qu’on sort de chez soi ou qu’on se rend à l’épicerie a de quoi porter un rude coup à l’amour-propre, même chez quelqu’un de très fort moralement !”
Le stress et le manque de satisfactions professionnelles sont souvent évoqués parmi les facteurs principaux expliquant un départ anticipé de Chine.”
Ceux qui restent sont chaque jour aux prises avec des problèmes d’adaptation culturelle et beaucoup fonctionnent à capacité réduite. De ce fait, la dépression touche en Chine un beaucoup plus grand nombre de personnes que l’on ne pense souvent.
Comme l’explique un autre article de notre journal, “Expat Nightmares ; Cross-Cultural Adaptation “(“Le cauchemar des expatriés, l’adaptation transculturelle”)ce sont les épouses – ou époux, car ce ne sont pas toujours des femmes – des cadres nommés en Chine qui ont le plus de mal à s’adapter. Certains de ces “conjoints entraînés de force” avaient auparavant une vie professionnelle bien remplie qu’ils ont dû bien souvent quitter pour cette “occasion unique dans une vie” que la Chine est censée représenter.
Sans leur cercle d’amis et isolés dans un milieu apparemment très hostile, la dépression les guette. L’alcoolisme est monnaie courante et certains sombrent dans la drogue et les jeux d’argent, ces derniers étant d’un accès très facile.

Quand désillusions et frustrations s’accumulent

Pour les étrangers qui ont peu ou pas de contact avec d’autres expatriés, le manque d’amis constitue un véritable problème. La notion d’amitié en Chine est très différente de celle que l’on a en Occident. On sort beaucoup moins entre amis en Chine que dans les pays occidentaux. En général, on se contacte uniquement lorsqu’on a besoin de quelque chose ou pour se soutenir mutuellement. En ce qui me concerne, j’ai par exemple des amis chinois que je n’ai pas revus depuis plus de dix ans.
En outre, rares sont les étrangers en Chine qui, sachant qu’ils ne sont sur place que pour une durée limitée, cherchent à nouer des vrais liens d’amitié avec les habitants locaux.
Il est vrai aussi qu’en Chine les désillusions font le lit des états dépressifs. En dehors de la barrière de la langue, certains tracas de la vie quotidienne peuvent facilement paraître accablants. Ainsi, les difficultés pour accéder aux sites Internet et aux réseaux sociaux occidentaux, pour trouver des légumes ou pour se déplacer sont autant de sources de frustrations qui peuvent s’accumuler.
Cependant, il est beaucoup trop facile d’accuser uniquement la Chine.
Que ceux (celles) qui se sentent sous pression se souviennent qu’ils ne sont pas les seuls, et que le problème n’est pas nouveau… ! Dans le tout premier numéro de ce journal, en 2010, Cheryl Malloy, une coach professionnelle et personnelle, écrivait déjà :
C’est votre problème et vous devez faire avec. Le problème, ce n’est pas la Chine, ni votre travail, ni vos amis (ou le manque d’amis). Le problème, c’est le vôtre et vous seul pouvez le résoudre. Vous ne pouvez pas changer ce qui est extérieur à vous, et encore moins la Chine.”

Quelques adresses où les expats peuvent se faire aider

Si vous souffrez effectivement d’une forme de dépression, c’est aussi peut-être parce que vous ne sortez pas de votre carcan. Voici quelques nouvelles orientations faciles à adopter pour vous sentir mieux :
Trouvez un passe-temps. Apprenez à jouer d’un instrument chinois traditionnel ou à faire de la calligraphie. Discutez avec vos amis restés dans votre pays natal. Cela vous permettra de vous rappeler pourquoi vous avez choisi cette aventure qu’est la Chine. Mangez des hémérocalles (lys d’un jour). Cette fleur parfumée qui fleurit une fois par jour est connue pour traiter efficacement les tumeurs, les ulcères, les conjonctivites, l’insomnie et la dépression. Voyez les choses du bon côté. Suivez le conseil de Cheryl Malloy : “Décidez aujourd’hui de sortir de votre carcan, en considérant que votre vie mérite d’être davantage excitante et réussie, et vous y arriverez !”

Enfin, il convient de rappeler que les conjoint(e)s “entraîné(e)s de force” sont ceux qui ont le plus à gagner d’une nouvelle affectation. Ils ont en effet le temps d’explorer tout à loisir leur nouveau pays, de se faire des amis dans la population locale et d’adhérer à des clubs ou à des associations regorgeant de personnes dans le même sac qu’eux.
Si l’on peut juger parfois écrasant le développement rapide de la Chine, il a permis également de disposer d’une aide plus proche. Ainsi, Nankin manque certes de professionnels proposant des conseils de toutes sortes pour déstresser les expatriés, mais ce n’est pas le cas de Shanghai :

  • L’Association internationale de Shanghai pour la santé mentale (The Shanghai International Mental Health Association) offre ce type de prestations à destination de la communauté étrangère à Shanghai. Sur son site web, on trouve une liste de thérapeutes de toutes nationalités qui exercent à Shanghai, ainsi que leurs compétences.
  • Lifeline Shanghai offre un service d’assistance gratuit, confidentiel et anonyme de 10 heures à 22 heures, tous les jours. On peut les appeler au 400 821 1215, ou visiter leur site web pour les contacter via un chat en ligne.
  • Par ailleurs, les Alcooliques anonymes (Alcoholics Anonymous) se réunissent à l’Alano Club, au 200 Zhenning Lu à Puxi.
  • Plus près de chez nous se trouvent également le Club international de Nankin (Nanjing International Club) et l’Association du département des affaires étrangères de Nankin (Nanjing Foreign Affairs Service Association).

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