jeudi 13 février 2020

Autisme : où en est le retard français ?

Par Eric Favereau — 
INTERVIEW
Lors d'une séance d'équithérapie avec un jeune homme autiste à Asnière-lès-Dijon.
Lors d'une séance d'équithérapie avec un jeune homme autiste à Asnière-lès-Dijon. Photo Amelie-Benoist. BSIP


La déléguée interministérielle sur l'autisme, Claire Compagnon, fait le point sur les avancées du plan lancé il y a deux ans par le gouvernement, avant les annonces de demain.

Claire Compagnon est depuis deux ans déléguée interministérielle en charge de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’autisme, lancée en avril 2018. Ancienne militante associative sur le cancer et le sida, elle fait le point sur la rupture promise par Emmanuel Macron, lors de la campagne présidentielle.
Y a-t-il des mesures nouvelles sur l’autisme dans la «grande cause nationale handicap» ?
Oui. Il y a l’élargissement à 12 ans du dispositif de diagnostic, qui, dans le plan autisme, restait de 0 à 6 ans. Cela va permettre un allongement du parcours de l’enfant et de prendre en compte des enfants chez qui les troubles ne se voient que plus tardivement, lors des apprentissages scolaires. C’était une forte demande des associations. L’autre mesure est d’essayer de mieux répondre aux situations des adultes autistes sévères. Par exemple de concevoir des mesures d’aides aux logements pour eux, en obligeant les établissements médico-sociaux à travailler de façon plus étroite avec les services de santé mentale.

C’est-à-dire ?
Un grand nombre de ces autistes sévères reçoivent des doses de neuroleptiques bien trop élevées, ce sont des prescriptions qui sont mal adaptées, et qui aboutissent à une aggravation de leurs troubles. Les structures qui les prennent en charge sur l’hébergement ont besoin d’être renforcées sur le plan médical. Cela va être fait.
Sur l’autisme, comme l’avait demandé le candidat Macron en 2017, y a-t-il eu un vrai changement ?
Cela bouge vraiment. Sur la question essentielle de la scolarisation de ces enfants dans les écoles, on assiste à un déploiement plus important de personnels. L’école acceptant de se faire renforcer par des moyens médico-sociaux et de disposer d’enseignants mieux formés. Un chiffre ? L’évolution du nombre d’enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a augmenté de près de 50% entre 2012 et 2018. Le changement est là, réel, avec beaucoup plus d’enfants scolarisés et, surtout,  pendant plus longtemps. Cela leur permet de rentrer dans des processus d’apprentissages, et cela permet aux parents de reprendre leur vie professionnelle.
Quels sont les blocages plus lourds ?
L’aspect aujourd’hui qui nous met en difficulté renvoie à la complexité d’un certain nombre de ces adultes, atteints d’autisme sévères, qui parfois conduisent à des hospitalisations longues en psychiatrie, et c’est très négatif.
Et sur le diagnostic ?
Sur cette question importante du repérage plus précoce, cela évolue aussi. Mais nous sommes confrontés aux problèmes de démographie médicale, en particulier des orthophonistes, des psychomotriciens, des ergothérapeutes, etc. Ils sont essentiels dans la prise en charge, mais il en manque ou ils sont en libéral.

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