jeudi 2 janvier 2020

Les psychiatres de Floride, champions de l’excès de vitesse

Publié le 27/12/2019



Détendons-nous un peu en cette fin d’année avec cette étude parue récemment dans le British Medical Journal. Dans la population générale, l’excès de vitesse est associé à des caractéristiques des conducteurs, comme le genre, la profession ou certains traits de personnalité (prises de risques). La clémence de la police serait, quant à elle, influencée par des facteurs personnels comme l’ethnie, le genre, l’âge et même (paraît-il) le fait que le conducteur ait le même prénom que le policier. Ces particularités s’appliquent-elles aussi au corps médical ? Le comportement au volant est-il différent selon la spécialité ? C’est ce qu’une équipe de Floride a recherché en collectant les contraventions reçues par 5 372 médecins, soit près de 15 000 au total ! Elles les a ensuite comparées à celles de près de 20 000 conducteurs non médecins, pour vérifier si les policiers manifestaient une indulgence particulière pour les conducteurs appartenant au corps médical.

Un quart environ des contraventions sont délivrées pour très grand excès de vitesse (défini comme un dépassement de plus de 32 km/h de la vitesse autorisée). Cette proportion est la même que celle retrouvée parmi les contrevenants non médecins (26,4 % vs 26,8 %). Bien que les dépassements de vitesse ne varient pas beaucoup selon les spécialités, les psychiatres sont toutefois ceux qui sont le plus souvent condamnés pour très grand excès de vitesse. Parmi les médecins ayant reçu une contravention, la possession d’une voiture de luxe est plus fréquente chez les cardiologues (40 %), alors qu’elle est moins fréquente chez les urgentistes, les généralistes (20,6%), les pédiatres, les chirurgiens généralistes et les psychiatres. Notons que seulement 18,5 % des contraventions sont adressées à des femmes, alors qu’elles constituent un tiers du corps médical aux États-Unis. Les grands excès de vitesse sont aussi moins nombreux chez les femmes.

Les auteurs remarquent aussi que la clémence des policiers est fréquente, mais pas plus que pour la population générale. Et elle ne diffère pas selon les spécialités. Ils précisent enfin que la relation entre le comportement au volant des médecins et l’état de santé de leurs patients demeure une inconnue.

Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE
Zimerman A et coll. : The need for speed: observational study of physician driving behaviors. BMJ 2019 ; 367 : l6354.

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