mardi 7 janvier 2020

De l’importance d’un suivi sur la durée chez les adolescents dépressifs

Univadis

Par Agnès Lara   30 déc. 2019

À retenir
  • Cette étude a évalué le suivi d’adolescents souffrant de dépression modérée à sévère sur une période de deux ans.
  • Si la plupart des patients ayant reçu un diagnostic de dépression ont reçu un traitement au cours de la période étudiée, le suivi, lui, est non conforme aux recommandations en vigueur pour la plupart des adolescents.
  • Les arrêts de traitement prématurés sont fréquents dans cette population, de l’ordre de 45%, que les auteurs mettent en lien avec l’absence d’un soutien adapté. Ils recommandent l’utilisation d’un logiciel pour initier le traitement et identifier les éventuels problèmes qui lui sont liés, ainsi qu’une évaluation des freins à l’engagement dans la démarche thérapeutique.
La prise en charge de la dépression se fait le plus souvent en soins primaires. Cependant, deux études, l’une canadienne, l’autre américaine, ont suggéré qu’une part importante des adolescents concernés ne bénéficiait pas d’un suivi adéquat, ni d’une réévaluation des symptômes dépressifs, dans les 3 mois suivant le diagnostic initial. L’engagement du patient et l’observance au traitement, tous deux influencés par le suivi régulier, représentent un enjeu essentiel de la prise en charge et de la prévention des récidives. Aussi, des chercheurs de l’université de l’Indiana ont-ils entrepris d’étudier ce suivi chez des adolescents souffrant de dépression sur une période de 2 ans.
Évaluation du suivi médical des adolescents dépressifs sur une période de deux ans
Au sein de deux cliniques de soins primaires, ils ont identifié les patients de 12 à 20 ans souffrant de dépression à travers un questionnaire de dépistage ( Patient Health Questionnaire PHQ-2 et PHQ-9 en cas de réponse positive à l’une des questions du PHQ-2) et un logiciel d’aide à la décision thérapeutique. Quatre vingt sujets ont ainsi été inclus dans l’étude. Ils avaient en moyenne 15 ans lors du premier dépistage positif et souffraient de dépression modérée à sévère (score PHQ-9 moyen de 14,4), mais un diagnostic de dépression n’avait été posé que chez 71,3% d’entre eux.
La plupart des patients sont traités, mais leur suivi est insuffisant
Au cours de cette période de suivi, 83% des patients testés et 98% de ceux ayant reçu un diagnostic de dépression ont bénéficié d’un traitement. Il s’agissait d’une psychothérapie seule ou associée à un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (ISRS) pour la plupart. Sur l’ensemble des  participants, seuls 12,5% ont été orientés vers un médecin spécialisé dans les pathologies mentales. Et parmi ceux qui avaient reçu un diagnostic de dépression, 14% n’ont bénéficié d’aucune visite de suivi en soins primaires pour ce motif. Parmi les 86% de ceux en ayant bénéficié, 61% ont vu leurs symptômes réévalués, mais cela n’a été réalisé dans le délai recommandé de 6 à 8 semaines que dans 23% des cas.
Des arrêts de traitements fréquents
Enfin, concernant les arrêts de traitement, 45% des patients traités ont arrêté leur traitement. Pour la plupart, cet arrêt était lié à une raison autre que la disparition des symptômes dépressifs et était considéré comme prématuré. En particulier, la plupart des patients sous ISRS arrêtaient leur traitement avant 1 an contrairement aux recommandations en vigueur dans le pays (6 mois à 1 an selon les recommandations de la HAS en France, ndlr).

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