dimanche 8 décembre 2019

Perspectives parallèles

Art Critique

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Perspectives parallèles

Dans le cadre de l’événement Formes géométriques en fiction : damiers, grilles et cubes qui rassemble deux expositions et un colloque international interrogeant la place de la géométrie dans les œuvres, le LAM (Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut) propose jusqu’au 5 janvier une exposition intitulée Perspectives parallèles.

Titus Matiyane, Thembisa, Donation de L’Aracine en 1999, © droits réservés, © Bernard Philip


Curatée par la conservatrice en charge de l’art moderne du musée et par les organisatrices du colloque consacré à l’usage des formes géométriques au cinéma, cette exposition s’attache à observer l’évolution de la construction mathématique des images dans les arts plastiques dans leur rapport au récit. Le choix des œuvres effectué ici contredit une certaine vision de l’histoire qui voudrait qu’avec la disparition de la perspective dans les tentatives cubistes se soit également effondrée la dimension narrative de la peinture. Le parti pris est au contraire de montrer que, si l’abandon progressif de la construction perspectiviste remet effectivement en cause la place du spectateur pensé comme public d’un spectacle, il n’évacue pas nécessairement tous les liens existants entre l’espace pictural et la fiction. Les commissaires ont choisi un ensemble d’œuvres qui montrent que l’intérêt des artistes pour le développement des sciences remettant en cause la conception traditionnelle de l’espace autour des années 1910 ne les conduit pas à renoncer à recourir au support d’une histoire. Ainsi, les premiers cubistes, s’ils juxtaposent sur un même plan différentes facettes de l’objet représenté, non seulement ne l’abandonnent pas mais vont bien souvent en rechercher l’origine dans des mythes ancestraux. Par ailleurs, en rejetant l’illusionnisme pictural pour mettre au jour la structure géométrique sous-jacente aux objets, ils font apparaître une structure en grille que les peintres abstraits reprennent et utilisent pour agencer des signes plastiques qui font sens. De plus, le système qui substitue la planéité à la succession des plans et un éclairage qui semble venir de l’extérieur au jeu d’ombre et de lumière à l’intérieur de l’œuvre est en soi un propos. Remettre en question la figuration comme capacité à nommer et désigner les objets c’est également remettre en cause le procédé narratif comme manière de qualifier, de juger et de classer. Au sujet principal, ainsi défini parce que placé au centre au premier plan et en pleine lumière, la grille utilisée par les peintres abstraits subroge un ensemble de sujets égaux dont les relations d’interdépendance tissent un autre type de récit.

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