mardi 5 novembre 2019

Un tiers des généralistes victimes de harcèlement sexuel par leurs patients

Amandine Le Blanc
| 05.11.2019


Image d'illustration
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Une femme médecin sur six (16 %) déclare avoir eu à subir de la part de collègues au cours des six dernières années des abus, harcèlement ou inconduite à caractère sexuel. C’est une enquête de Medscape, qui révèle ces nouveaux chiffres*. 11 % des professionnels de santé interrogés (homme et femme confondus) en ont également été témoins. Pour les deux tiers des médecins concernés, ce harcèlement consistait en des « commentaires ou regards à connotation sexuelle sur les parties du corps », 36 % évoque également des demandes répétées de rendez-vous, des gestes non désirés ou des propositions implicites et explicités de relations sexuelles. Plus d’un tiers cite un « empiétement délibéré sur la sphère corporelle » et 1 professionnel sur cinq des « contacts physiques, étreintes ou caresses imposées » ou des « messages, SMS ou emails à caractère sexuel non désirés ».

En majorité le fait de supérieur hiérarchique
À l’hôpital, une urgentiste décrit des « incidents extrêmement fréquents. C’est en réalité une véritable ambiance ». En ville, les professionnels ne sont malheureusement pas épargnés comme en témoigne l’expérience de cette généraliste victime des propos sexistes d’un confrère : « On ne te demande pas de penser, tu es une femme… Tu as tes hormones qui te travaillent » ou des comportements inappropriés d’un autre, « plus âgé, qui me caressait les épaules et m'embrassait sur la joue lourdement, entrait dans mon bureau sans frapper et se collait à moi ». Les praticiens les plus jeunes (moins de 45 ans) sont 3 fois plus fréquemment victimes de harcèlement sexuel que leurs confrères plus âgés. Par ailleurs, bien souvent le harcèlement n’est pas un cas isolé puisque trois quarts des victimes ont déclaré avoir été harcelées par plus d’un collègue et dans près de la moitié des cas (45 %) il s’agit d’un supérieur hiérarchique. Dans plus de 70 % des cas, les victimes ne dénoncent pas leur agresseur.
Six fois plus souvent le fait des patients
Mais si les professionnels de santé sont victimes de harcèlement de la part de leurs collègues, ils ont six fois plus de « chance » de le subir de la part des patients. Un quart d’entre eux (24 %) témoignent de comportements inappropriés comme des demandes de rendez-vous (42 %), des tentatives d’attouchement (25 %) ou des demandes de rapport sexuel (8 %). Les généralistes sont les plus visés (32 %). Demandes de mariage, SMS anonymes, propositions indécentes… Pour lutter contre ces comportements, la plupart du temps les professionnels demandent au patient d’arrêter, mais certains s’arrangent aussi pour ne plus jamais être seul avec lui et vont parfois jusqu’à l'exclure de sa patientèle.
* Enquête auprès de 1 007 médecins travaillant à temps plein, 55 % hommes, 45 % femmes, 70 % de généralistes, 70 % de salariés. Réalisée en ligne entre le 7 juin et le 13 août 2019.

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