mercredi 20 novembre 2019

Où la TCC éloigne les cauchemars

Publié le 14/11/2019




The Canadian Journal of Psychiatry évoque un thème assez peu abordé dans la presse médicale, malgré son aspect pratique et son caractère « assez commun » : quel traitement proposer aux patients psychotiques souffrant de cauchemars ? Réalisé « à l’insu de l’évaluateur » et concernant « 24 participants avec des cauchemars et des délires de persécution », cet essai évalue les bénéfices potentiels de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) focalisée sur l’imagerie pour traiter les cauchemars, relativement à leur gravité et à celle des délires de persécution. Les auteurs précisent que des cauchemars non traités peuvent d’ailleurs « alimenter des délires de persécution en incarnant les peurs par des détails sensoriels abondants », autrement dit en leur donnant une apparence angoissante de réalité.

Répartis de façon randomisée, les patients ont été traités, soit par une TCC délivrée durant quatre semaines en plus du traitement habituel, soit par ce seul traitement classique. Relatives à la participation au traitement, aux techniques utilisées, à la satisfaction des intéressés et à la diminution des troubles, les évaluations ont été réalisées en trois phases : au départ de l’étude, en fin de traitement (après ces quatre semaines), puis au suivi deux mois plus tard (soit huit semaines après le début de l’étude).

La TCC fait mieux que le traitement habituel mais pas pour les idées suicidaires

Les auteurs observent que « tous les participants ayant eu la TCC complète (moyenne = 4,8 séances) ont exprimé une satisfaction élevée », avec 20 participants (83 %) ayant répondu à toutes les évaluations proposées. Comparativement au traitement classique, la TCC a permis de grandes améliorations en ce qui concerne les cauchemars et l’ l’insomnie à la quatrième semaine, avec un maintien de ce bénéfice thérapeutique au suivi du second mois. La TCC entraîne aussi une réduction de la thématique paranoïaque  : –20,8 ; intervalle de confiance à 95 % : –43,2 à 1,7.

Mais il persiste un doute sur l’efficacité de la TCC délivrée seule : elle ne « paraît peut-être pas prometteuse » pour combattre l’idéation suicidaire, car celle-ci demeure seulement stable lors du suivi, alors que le traitement habituel la « réduit ». Les auteurs estiment donc que la TCC peut se montrer utile contre les cauchemars et les délires de persécution des patients psychotiques, avec une réserve sur l’idéation suicidaire où le traitement classique (psychotrope) conserve un avantage.

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Sheaves B et coll.: Cognitive Behavioural Therapy for nightmares for patients with persecutory delusions (nites): An assessor-blind, pilot Randomized Controlled Trial. Canadian J. Psy ; 2019 ; 64(10) : 686–696.

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