mardi 26 novembre 2019

1 000 euros par an de reste à charge « invisible » pour les patients chroniques ou en situation de handicap

Crédit photo : PHANIE
PAR 
SOPHIE MARTOS -  
PUBLIÉ LE 25/11/2019

Seringues, solutions hydroalcooliques, sérum physiologique, séances de psychologue, frais de déplacement, frais annexes... Le reste à charge qui échappe aux statistiques habituelles s'élèverait à 1 000 euros en moyenne par personne et par an pour les patients atteints d'une pathologie chronique et/ou d'un handicap, révèle France Assos Santé (usagers du système de santé), dans une enquête* publiée ce lundi à partir des réponses de 351 personnes.
La structure présidée par Gérard Raymond, qui fédère plus de 80 associations, s'est intéressée pour la première fois aux restes à charge « invisibles » qui ne sont pas comptabilisés dans les calculs des pouvoirs publics. La dernière étude de la DREES (ministère de la Santé) avait évalué le reste à charge (RAC) moyen déclaré à 214 euros de frais de santé par Français sur l'année, loin de ces calculs de France Assos Santé. 

Diversité
À propos de ces dépenses « sous les radars », l'association révèle que 87,4 % des patients interrogés déclarent avoir eu de tels frais non remboursés par la Sécu ni par leur complémentaire au cours des 12 derniers mois. Ces restes à charge concernent d'abord des médicaments prescrits non remboursés (78,8 %), les médecines complémentaires comme l'ostéopathie ou la sophrologie (67,2 %), les médicaments non prescrits (66 %), les transports, parking et péages pour se rendre à des consultations médicales et paramédicales ou visite à un proche hospitalisé (62,9 %), le matériel médical comme les seringues (42,5 %) ou encore l'aide à domicile (26,3 %).

Plus précisément, près de 40 % des répondants ont payé de leur poche plus de 100 euros par an pour avoir accès à des médicaments prescrits mais non remboursés. Pour un patient sur cinq, le reste à charge lié aux transports, parking et péages est compris entre 200 et 1 000 euros. Et 30 % des patients déboursent également entre 200 et 1 000 euros par an pour leurs frais d'hébergement pour des soins éloignés du domicile. Enfin, un patient sur deux règle une note entre 100 et 500 euros pour des consultations de psychologue, diététicien ou ergothérapeute.
70 % renoncent à ces frais 
Ces coûts supplémentaires invisibles ont des conséquences : plus de 70 % des sondés ont renoncé à certaines de ces dépenses (liées à la santé) et près de 40 % ont contracté un crédit à la consommation ou un emprunt.

« Le système de soins a mis en place un panier de soins remboursables sur les pathologies chroniques mais il ne correspond pas à la situation de vie des patients », souligne Gérard Raymond, président de France Assos Santé.
L'association formule dix propositions. Elle suggère d'approfondir les enquêtes afin d'affiner les montants des restes à charge directs et indirects liés à la santé des patients. Elle recommande de créer des dispositifs de prise en charge personnalisés « en fonction notamment de l’état de santé et du reste-à-vivre des personnes malades et/ou en situation de handicap » comme un « forfait hygiène » ou la prise en charge de certaines consultations (psychologues, diététiciens, ergothérapeutes) avec accord préalable du médecin-conseil.
Elle préconise enfin de supprimer le secteur II au profit du secteur II OPTAM (tarifs maîtrisés) sous deux ans et d'interdire tous dépassements d'honoraires pour les actes et consultations médicales délivrés par des professionnels s'installant dans des zones surdotées.
* Enquête réalisée avec l'UNAF et la FNATH par questionnaire auto-administré en ligne du 27 septembre au 31 octobre 2019 auprès de 351 personnes. Trois quarts des répondants de l'enquête France Assos santé sont reconnus en affection longue durée (ALD) et 21,9 % des personnes en situation de handicap. La majorité (95 %) bénéficie d'une complémentaire santé dont la cotisation mensuelle moyenne est de 152 euros.

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