mardi 1 octobre 2019

La Miviludes qui traquait les dérives sectaires dans la santé va disparaître




Reiki
VOISIN/PHANIE

La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), créée en 2002, va disparaître à partir du 1er janvier 2020, selon une information de France Inter. La Miviludes « observe et analyse le phénomène sectaire, coordonne l’action préventive et répressive des pouvoirs publics à l’encontre des dérives sectaires, contribue à la formation et l’information de ses agents et informe le public sur les risques voire les dangers auxquels il est exposé ».
Rattachement au ministère de l'Intérieur 
Les services de la mission devraient être rattachés au ministère de l’Intérieur, plus précisément au comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR).

Dans un rapport en mai 2017 la Cour des comptes suggérait déjà un rapprochement avec le ministère de l’Intérieur. D'autant que l'instance n'avait plus de président depuis le départ en octobre 2018 de l'ancien titulaire de ce poste : le Dr Serge Blisko, généraliste de formation. « Un certain nombre de candidatures ont été examinées mais n’ont pas abouti. Le gouvernement réfléchissait déjà quand je suis parti à adosser la Miviludes à un autre organisme, à la fois pour une économie d’échelle et aussi face à une interrogation sur ce qu’est devenue la lutte contre la dérive sectaire aujourd’hui », confie au Généraliste Serge Blisko. Parmi les différentes options proposées, celle choisie est la plus logique pour l’ancien président même s’il émet quelques réserves. « Un rattachement au bureau des cultes (un autre service du ministère de l'Intérieur, NDLR) me paraissait être une mauvaise solution car l’aspect religieux dans les dérives sectaires est minoritaire aujourd’hui. Donc la solution choisie n’est pas la plus mauvaise, mais il faudra que les questions de santé soient toujours comprises dans la mission. »
La santé foyer principal des dérives sectaires
En effet ces dernières années, les médecines complémentaires et alternatives apparaissent de plus en plus comme des foyers de dérives sectaires. D’après le dernier rapport d’activité de la Miviludes, entre 2010 et 2017 la proportion des dérives sectaires liées à la santé est passée de 20 % à 46 %. « Finalement l’idéal aurait peut-être été d’adosser la Miviludes au ministère de la Santé. Mais celui-ci n’a pas beaucoup d’argent et n'a d’influence que dans son domaine, mener une action interministérielle à partir du ministère de la Santé est très compliqué », souligne-t-il.
Serge Blisko espère que le capital de compétences accumulé à la Miviludes sur les questions des dérives thérapeutiques ne sera pas perdu. « Tout un travail a aussi été engagé avec les différents Ordres, l’ANDPC, ou l’École de Santé publique », cite-t-il. L’inquiétude est donc de mise, d'autant que la Miviludes était de plus en plus sollicitée pour se prononcer sur l'augmentation des dérives thérapeutiques. Récemment encore, la mission interministérielle s’est penchée sur l’affaire des essais cliniques « sauvages », à la suite de plusieurs signalements.

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