jeudi 3 octobre 2019

Disparition de la Miviludes : où est la rationalité ?

Publié le 05/10/2019




Paris, le samedi 5 octobre 2019 – Commentant la centaine de passages aux urgences comptabilisées après l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le porte-parole du gouvernement a relevé : « On n'est pas dans des proportions qu'on a pu connaître pour d'autres catastrophes industrielles » avant d’exhorter les populations à « se raccrocher à de la rationalité ».

Rationalité et santé publique : une rime loin d’être parfaite

Cette invitation à la « rationalité » a été rapidement perçue comme une forme de mépris de la part de Sibeth Ndiaye vis-à-vis des inquiétudes de la population. Au-delà du cas particulier de Lubrizol, cette convocation de la notion de rationalité dans le champ politique pourrait être le prélude à de nombreuses réflexions. La rationalité peut-elle toujours facilement s’imposer dans le discours politique ? De nombreux exemples, notamment en santé publique, ont démontré que la tenue d’un message se conformant de façon parfaite à la rationalité scientifique risquait souvent soit de heurter la population, soit de contribuer à des résultats contre productifs. Concernant la vaccination, il a ainsi souvent été reproché, même par des partisans de la vaccination, aux pouvoirs publics (et à d’autres) de diffuser un discours semblant totalement nier la possibilité d’effets secondaires de certains vaccins en particulier et/ou d’efficacité plus modérée de quelques produits. Cependant, la rapidité avec laquelle les groupes anti vaccins s’emparent de la moindre faille pour justifier leur rejet total pourrait justifier un message composant en partie avec la "vérité" scientifique absolue, dans un but d’efficacité de santé publique. On peut lire à travers ce même filtre les controverses autour du dépistage du cancer du sein. Les pouvoirs publics apparaissent avoir choisi sciemment d’ignorer la réalité scientifique concernant la faible efficacité du dépistage pour éviter que des messages trop complexes ne détournent certaines femmes (par exemple les plus précaires) d’un suivi qu’elles négligent habituellement, quand bien même les surdiagnostics et les surtraitements sont le prix fort à payer de ces arrangements.

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