jeudi 19 septembre 2019

La planète des sigles

20.09.2019
Les médecins sont souvent caricaturés pour leur profil scientifique. Ils seraient férus de maths et n’auraient de prédisposition que pour l’arithmétique. C’est faux. À l’ère du Big data, la médecine est paradoxalement une affaire de lettres. Plus précisément un univers de sigles à rendre cinglé.
Il faut reconnaître que ces dernières années, les technocrates s’en sont donné à cœur joie dans les différentes réformes de santé. À commencer par la loi HPST de Roselyne Bachelot. Le MG doit retenir quelques-unes des 5 000 cotations recensées dans la nomenclature, surtout le G et le VL et depuis quelques années les MCX et les MTX.
S’il n’y avait que cela ! Depuis dix ans, les généralistes ont appris à se familiariser avec les ARS, ils sont nombreux à avoir intégré une MSP, à participer à une ESP pour toucher les NMR. Le gouvernement souhaite aujourd’hui le voir adhérer à une CPTS pour reprendre le chemin de la PDS, pourquoi pas dans une MMG, et désengorger les urgences des CHU.
Pour se mettre dans le bain, le médecin est plongé dès son Paces, bien avant les ECN et la fin de son DES, au maniement des sigles. Pour l’inciter à s’installer, rien de tel qu’un CESP, suivi d’un PTMG ou d’un Caim. La CPAM l’encourage à réduire ses IJ et limiter les DE pour tenir l’Ondam, à maîtriser ses prescriptions pour gonfler sa Rosp (attention, pas trop de NS !).

Le généraliste est invité à remplir le DMP, surtout des patients en ALD, et à se lancer dans les TCG. Il doit respecter l’EBM, penser à déléguer comme le prévoit l’ACI, faire la dispense d’avance de frais aux patients CMU. Il est tenu de suivre des actions de DPC ou de FMC pour être à jour sur le HPV ou la récidive de TVP. Toute sa carrière, il devra aussi composer avec des instances aux acronymes barbares. Un peu de Cnom, beaucoup de Cnam, les recos de la HAS, les alertes de l’ANSM, les appels à cotisation de l’Urssaf et de la Carmf. Fatigués ? Vivement l’ASV...
Christophe Gattuso, directeur de la rédaction

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