mardi 18 juin 2019

Victimes de leur succès sur Parcoursup, les écoles d’infirmiers doivent gérer de longues listes d’attente

Les établissements étaient pour la première fois inclus dans la plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur. Plus de 100 000 candidats doivent se partager 31 000 places.
Par Chloé Martin  Publié le 15 juin 2019
Une étudiante consulte le résultat de ses vœux sur le site Parcoursup, le 22 mai 2018.
Une étudiante consulte le résultat de ses vœux sur le site Parcoursup, le 22 mai 2018. DENIS CHARLET / AFP
C’est la surprise de l’année, sur Parcoursup. Alors que plusieurs établissements hospitaliers se plaignent, en ce moment, d’avoir des difficultés à recruter des infirmiers, en raison des conditions de travail et des rémunérations insuffisantes, les écoles qui forment ces professionnels sont prises d’assaut sur la plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur. Un engouement qui contredit ceux qui s’inquiètent d’un désamour généralisé pour ce métier éprouvant.
Avec 1,5 million de vœux et de sous-vœux (soit 21,7 % du total), les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), pour la première fois soumis cette année au régime de Parcoursup, y font une entrée tonitruante. Ils constituent la filière la plus demandée, devant le droit et la première année commune des études de santé (Paces).

On compte ainsi plus de 100 000 aspirants infirmiers parmi les quelque 900 000 candidats inscrits sur la plate-forme. Ils devront se partager, au terme du processus de sélection, 31 000 places réparties dans 326 instituts. Cet engouement n’est pas sans conséquence. Les listes d’attente sont longues, très longues. « Il y a eu beaucoup de panique et de stress », estime Bilal Latrèche, le président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).
Après un long délai, Lucille Dias a été finalement acceptée dans les écoles de l’académie de Toulouse. Pourtant, elle n’y croyait pas. Le jour des résultats, le 15 mai, aucun de ses vœux n’avait été validé. Elle était partout sur liste d’attente. « J’étais effondrée. C’était une vraie claque », raconte la jeune femme de 19 ans, qui travaille depuis plusieurs mois en tant qu’aide-soignante.

Pétition

Sur les réseaux sociaux, de nombreux candidats aux IFSI se sont émus de ces listes d’attente à rallonge. En particulier ceux issus des prépas, pensant que ce serait un sésame suffisant. « Ma fille est sur liste d’attente partout, alors qu’elle a suivi une préparation à la formation d’infirmière », s’énerve Céline Mattielli, désabusée. Près de 3 000 euros déboursés pour n’être finalement prise nulle part, la pilule ne passe pas.
Une poignée d’étudiants a même lancé une pétition adressée au ministère de l’éducation nationale. Elle rassemble plus de 11 000 signatures. Ces mécontents rappellent l’engagement pris par la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, de valoriser les prépas dans l’examen des dossiers. « Valorisées mais pas données prioritaires », maintient Sylvie Thiais, conseillère pédagogique régionale de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France. Le ministère assure de son côté que les élèves en prépa ont reçu davantage de réponses favorables que les autres candidats.
Dans un Tweet, Frédérique Vidal s’est félicitée d’une réforme qui « met fin à une organisation injuste, inefficace, onéreuse ». Ce que salue aussi Bilal Latrèche : « Parcoursup a permis de simplifier la candidature dans les IFSI, en la rendant gratuite. » Auparavant, l’accès se faisait grâce à un concours, pour lequel chaque établissement demandait des frais d’inscription.

Dysfonctionnements

La plate-forme a cependant connu quelques ratés. Les écoles d’infirmiers font partie des formations confrontées au bug de Parcoursup au lendemain des premiers résultats. Trop de candidats avaient été acceptés par rapport au nombre de places.
Si cela a été régularisé en une journée, un autre dysfonctionnement a, lui, arrêté les compteurs entre fin mai et début juin, le temps de le réparer. Trois regroupements d’IFSI – ceux de Paris-Sud, d’Occitanie, et de Provence-Alpes-Côtes d’Azur – ont ainsi reconnu des « erreurs matérielles de saisies » qui ont modifié les classements des commissions. Mais aucun candidat n’aurait pris la place d’un autre.
« Le changement de système a été mal anticipé par le gouvernement », fustige Mélanie Luce, présidente de l’UNEF. Face à l’engouement, le syndicat étudiant s’inquiète du « manque de places » disponible. La Fnesi nuance et se réjouit de la « réussite » de la réforme : « Avec les concours, certains IFSI étaient très demandés et d’autres totalement inconnus, avec une absence de candidats. Cette année, on est bien parti pour les remplir de manière homogène. »

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