mercredi 22 mai 2019

Se mobiliser pour ne pas déprimer devant la télé




On se souvient du propos controversé du dirigeant d’une grande chaîne de télévision française résumant son rôle à la « vente du temps de cerveau » disponible à des annonceurs. Toutefois, cette ambition mercantile souffre d’une autolimitation, car une étude récente (Hallgren et coll.)[1]montre qu’une tâche « sédentaire et passive » (comme se complaire à regarder la télévision ou à écouter de la musique) est associée à « un risque accru de dépression », contrairement à une tâche « mentalement active » comme un travail devant un écran d’ordinateur. Il est donc préférable de ne pas augmenter démesurément le temps passé devant la télévision, car cela pourrait se révéler nuisible pour la santé mentale du téléspectateur, indépendamment des contenus visionnés.

Un risque accru de dépression pour les téléspectateurs passifs

Pour préciser l’impact de l’activité (ou de l’inactivité) physique sur cette association entre le temps consacré à regarder la télévision et une symptomatologie dépressive, une étude a été réalisée (par des chercheurs du Brésil et de Grande-Bretagne) sur près de 60 000 adultes brésiliens.

Les auteurs confirment cette association entre le temps passé devant l’écran de télévision et l’accroissement du risque dépressif : chez les sujets passant quotidiennement plus de 5 heures à regarder la télévision, l’augmentation du risque dépressif est d’environ 13,1 % [11,6 %–14,7 %] (IC=95%). Toutefois, cette augmentation est contrecarrée quand les sujets consacrent « plus de 150 minutes par semaine » à une activité physique : Odds ratio OR = 1,16 ; Intervalle de confiance à 95 % IC [0,58–2,32] chez les hommes actifs, versus OR = 3,63 ; IC [2,43–5,42] chez les hommes inactifs ; et OR = 1,30 ; IC [0,80–2,11] chez les femmes actives, versus OR = 1,84 ; IC [1,43–2,36] chez les femmes inactives.

A combattre par davantage d’activité physique

En définitive, le temps passé à regarder passivement la télévision s’accompagne d’un risque accru de dépression, mais cette étude suggère qu’il est possible de contrer cette association préjudiciable en recommandant aux téléspectateurs, parallèlement à leur loisir passif, des niveaux plus importants d’activité physique. En d’autres termes, si la télévision s’appuie bien sur « du temps de cerveau », elle devrait aussi impliquer davantage de « temps du corps » : une nouvelle confirmation de l’adage antique Mens sana in corpore sano

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCES
Hallgren M et coll.: Passive and mentally-active sedentary behaviors and incident major depressive disorder: a 13-year cohort study. Journal of Affective Disorders, 2018 (241): 579–585.
Werneck AO et coll.: Leisure time physical activity reduces the association between TV-viewing and depressive symptoms: A large study among 59401 Brazilian adults. Journal of Affective Disorders; 2019 (252): 310–314.

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