vendredi 24 mai 2019

Le stress au travail double le risque de consommation chronique de benzodiazépines

Nicolas Evrard
| 24.05.2019


  • Stress au travail

    Le stress au travail double le risque de consommation chronique de benzodiazépines

GARO/PHANIE

« Le stress au travail est associé à un risque multiplié par 2,18 d'usage chronique des benzodiazépines ». C'est l'une des conclusions majeures d'un travail présenté le 23 mai lors d'un colloque organisé à l'Université Paris-Descartes, centré sur la cohorte Constances. Cette cohorte comprenant aujourd'hui 205 000 personnes volontaires vivant en France, permet d'engager de très nombreux travaux de recherche, dont certains sont focalisés sur l'usage chronique des benzodiazépines.
Ainsi, une analyse a été spécifiquement effectuée chez 31 000 personnes provenant de cette cohorte Constances, suivies entre 2012 et 2014, n'ayant pas d'antécédent récent d'usage de ces médicaments. Chez 1 % d'entre elles, durant cette période, un usage supérieur à 12 semaines de benzodiazépines (correspondant à un usage chronique) a été constaté. Et un lien a pu être établi avec le stress au travail.

Il a été observé un effet dose dépendante entre l'intensité du stress au travail et le risque d'usage chronique de benzodiazépines. Cette analyse a tenu compte des co-addictions potentielles, comme les statuts tabagiques et de la consommation d'alcool... « Le risque d'un usage chronique des benzodiazépines, est multiplié par 4 chez les fumeurs qui subissaient un stress élevé au travail », explique le Dr Guillaume Airagnes, addictologue, et un des auteurs de ce travail.
Un usage chronique des benzodiazépines chez environ 10 % des plus de 50 ans
Parallèlement à ce travail, une étude publiée le 14 mai dernier dans BMC public Health a aussi été présentée lors de ce colloque. Ce travail a inclus à partir de la cohorte Constances, 9 000 participants de 18 à 69 ans. L'usage chronique des benzodiazépines a été analysé grâce aux données de remboursement de ces  traitements en pharmacie (Sniram). 
Ce travail fait apparaître que 2,8 % d'hommes et 3,8 % des femmes consomment ces médicaments de manière chronique. Chez les plus de 50 ans, ces prévalences atteignaient 9,3 % des hommes et 12,2 % des femmes. « Or, on sait qu'avec l'âge, les effets indésirables des benzodiazépines augmentent », explique le Dr Guillaume Airagnes. 
Effets indésirables graves
« Les benzodiazépines sont les médicaments plus prescrits au monde alors que les règles de prescription sont très strictes », explique le Dr Airagnes. « Elles sont fréquemment prescrites en dehors des règles de bonnes pratiques, sans tenir compte de la recommandation de ne pas dépasser 12 semaines de traitement, car au-delà, il existe de risques d'effets indésirables pouvant être particulièrement importants, parfois aigus et potentiellement mortels... Au long cours, il existe également un risque de dépendance, de la maladie d'Alzheimer, et encore de certains cancers. »

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